Saviez-vous que près du tiers de la moitié de la nourriture produite et distribuée au Canada chaque année n’est jamais consommée, victime des pertes et du gaspillage alimentaire ? Mais surtout que le tiers de ces denrées perdues pourraient être récupérées, notamment en choisissant des emballages plus adaptés à chacun des produits ?
C’est une des conclusions de Moins de pertes et de gaspillage alimentaires, moins de déchets d’emballage, un nouveau rapport de recherche publié par le Conseil national zéro déchet en collaboration avec Éco Entreprises Québec, RECYC-QUÉBEC et PAC Packaging Consortium.
L’étude, préparée par Value Chain Management International, porte sur l’efficacité de quatre types de matériaux d’emballages couramment utilisés (plastique, verre, métal et fibres) afin de prolonger la durée de conservation de 12 aliments courants.
Que ce soit pour éviter les pertes et le gaspillage ou réduire l’impact écologique de l’industrie alimentaire, cette recherche souligne l’importance de jumeler le produit au bon choix d’emballage.
Si les pommes, le sucre granulé et les pâtes sèches peuvent être aisément vendus en vrac ou sans emballage, le poulet frais et les filets de poisson, les petits fruits, les produits laitiers et les burgers surgelés nécessitent une solution d’emballage conçue sur mesure.
Au final, le contenant n’est responsable, en moyenne, que de 5 % du total des émissions de gaz à effet de serre (GES) des couples aliment/emballage analysés. La part de GES attribuable aux pertes et au gaspillage alimentaires (PGA) s’est avérée beaucoup plus importante, de l’ordre de plus de 22 millions de tonnes de CO2 par année au Canada, soit autant que 4,8 millions de voitures.
Éviter d’abord les pertes et le gaspillage
L’importance d’un emballage optimisé, qui aide à prévenir ou éviter les PGA, s’avère d’ailleurs primordiale pour la réduction de l’empreinte carbone de l’industrie alimentaire. Toujours selon le rapport de recherche, 11,2 millions de tonnes métriques de PGA – d’une valeur de 49,46 milliards de dollars – peuvent éventuellement être évitées chaque année au pays.
« En introduisant le critère environnemental à leur conception d’emballages, les entreprises s’engagent à respecter un modèle d’affaires circulaire et à s’assurer qu’elles contribuent à réduire le gaspillage alimentaire », a affirmé Geneviève Dionne, directrice, Écoconception et économie circulaire, chez Éco Entreprises Québec.
Dans un monde idéal, les familles auraient toutes la possibilité de faire pousser, de cueillir et de récolter elles-mêmes leurs aliments au moment de les consommer.
Dans la réalité des producteurs, des transformateurs et des distributeurs alimentaires, l’emballage joue un rôle crucial pour réduire l’empreinte écologique globale de la mise en marché d’un aliment, et ce, qu’il soit fait de papier, de plastique, de carton ou de métaux.
« Plutôt que d’éliminer les emballages, l’industrie doit miser sur des matériaux et une conception qui empêchent la nourriture de périmer », souligne Malcolm Brodie, président du Conseil national Zéro Déchet.
Les pertes alimentaires surviennent dès les premières étapes de la production des aliments, du champ à la récolte, en passant par la manutention et l’entreposage jusqu’à la transformation et la fabrication du produit. Le gaspillage alimentaire, quant à lui, se produit aux étapes de distribution et de vente au détail jusque dans les frigos, les garde-manger et les assiettes des restaurants ou des consommateurs à la maison.
« Développer des chaînes courtes et locales d’approvisionnement alimentaire de même que réduire, écoconcevoir, réutiliser et recycler davantage les emballages sont des stratégies complémentaires pour développer un modèle économique qui soit circulaire », a expliqué Sonia Gagné, présidente-directrice générale de RECYCQUÉBEC.
Afin de réduire l’empreinte écologique des emballages, les solutions de valorisation post-utilisation des matériaux comme la récupération du carton, du plastique et du verre ou encore la cueillette de matières organiques compostables sont cruciales.
La population doit aussi être éduquée afin qu’elle connaisse la chaîne d’utilisation, de récupération et de valorisation de chaque type d’emballage ; tout plastique n’est pas un fléau et le carton n’est pas toujours le meilleur choix.
Des pistes de solutions
Le rapport propose une série de mesures à l’intention des producteurs alimentaires, des fabricants d’emballages, des groupes industriels, des entreprises de recyclage et des gouvernements. Des groupes de discussion organisés dans le cadre de l’étude dans de grandes villes canadiennes, Vancouver, Toronto et Montréal, traduisent une volonté marquée de mieux développer la vente en vrac et les emballages réutilisables et de laisser une plus grande place à l’innovation.
Enfin, à la lecture de cette étude, les gouvernements percevront l’importance d’uniformiser le secteur de l’emballage, que ce soit dans les législations ou les stratégies de recyclage et de compostage, lesquelles varient d’une province à l’autre, et parfois même d’une municipalité à l’autre.
Il ne faut pas oublier que, avant d’être un maillon de l’économie circulaire à l’étape d’être recyclé ou réutilisé, l’emballage a de nombreuses fonctions essentielles. Tant pour le produit, le producteur et le consommateur. Il préserve, protège, transporte, informe, éduque, attire, facilite l’utilisation et améliore l’expérience du produit afin d’optimiser toutes les étapes franchies par l’aliment de la ferme à l’assiette.
Quatre grands axes d’amélioration
• Prévenir les PGA et les déchets d’emballages
• Se pencher sur les emballages problématiques ou inutiles
• Accélérer le développement de nouveaux matériaux et de nouvelles solutions d’emballage
• Améliorer les infrastructures de recyclage, de compostage ou de digestion anaérobique
Pour entamer une démarche d’écoconception d’emballage : ecoconception.eeq.ca