Pour la Fromagerie Champêtre de Repentigny, l’innovation passe par des investissements majeurs dans ses produits durables et dans l’éducation de sa clientèle. | par Michel Therrien
Champêtre s’est d’abord fait connaître par son fromage en grains avant d’avoir une croissance importante qui lui permet désormais de produire et de distribuer des produits adaptés aux exigences de sa clientèle, issue du monde de la restauration, des services alimentaires et de la vente au détail, et ce, d’un océan à l’autre.
L’innovation par la technologie
C’est d’ailleurs en s’assurant d’être à l’écoute de son marché, prioritairement composé de restaurateurs (70 %), que la fromagerie de Repentigny maintient son succès d’année en année. Profitant de la flexibilité de ses installations, la fromagerie peut développer de nouveaux produits ou améliorer ses produits existants. « Si nous ne possédons pas l’équipement nécessaire pour ce faire, on va s’assurer de s’équiper en conséquence », indique Stéphanie Livernoche, directrice marketing et développement des marchés à la Fromagerie Champêtre.
L’entreprise n’est pas sans savoir que l’innovation passe aussi par de nouvelles technologies d’emballage. « En plus d’attirer l’œil du consommateur, les nouvelles technologies d’emballage permettent d’améliorer la durée de vie de nos produits. Pour nous, l’innovation passe aussi par l’amélioration de l’expérience d’un produit qui existe depuis longtemps. »
En ce qui a trait au marché de détail, la fromagerie s’enorgueillit d’ailleurs de s’être pourvue d’installations lui permettant de produire des fromages fins à pâte demi-ferme à croûte lavée. « C’est avec ça qu’on se différencie de la concurrence. »
Savoir comprendre son marché
À titre d’exemple, Stéphanie Livernoche explique d’ailleurs que, pour répondre au consommateur, la fromagerie a élaboré Le Bocké, un fromage lavé à la bière. « Outre le fait qu’il répondait à une tendance importante, la fabrication de ce fromage nous a permis de créer des partenariats avec des entreprises locales. »
La Fromagerie Champêtre ne se laisse toutefois pas influencer par l’offre alimentaire qui bombarde l’industrie quotidiennement. Consciente du phénomène des différentes tendances, la fromagerie a d’ailleurs adopté une stratégie de flexibilité visant à répondre aux besoins renouvelés des consommateurs en développant différemment leurs produits existants. « Depuis plusieurs années, on travaille les mêmes produits. La recherche et le développement se font à partir de ce que nous avons déjà. Cela ne veut pas dire qu’on s’assoit sur nos lauriers. Notre manière d’innover est de peaufiner notre savoir-faire et la qualité de nos produits. Pour ce faire, nous n’hésitons pas à faire appel à des consultants, des clients, des représentants, des distributeurs et des partenaires. Nous ne laissons rien au hasard. »
Cela ne veut pas dire que les gens de la Fromagerie Champêtre portent des œillères. Ils sont bel et bien à l’écoute des goûts des consommateurs et des tendances en effectuant une vigie constante de ce qui ce fait ailleurs. « On participe à des salons d’un bout à l’autre du pays. Ceux-ci nous permettent de nous assurer que certains produits sont là pour rester et que d’autres ne sont que des tendances temporaires. Lorsque nous choisissons de faire la production d’un fromage, c’est parce qu’on sait qu’il s’inscrira dans une tendance à long terme. »
L’importance de l’éducation
À la fromagerie, on remarque de plus en plus que les Québécois sont intéressés à favoriser l’achat local. «Le contexte actuel de libre-échange joue sans doute un rôle déterminant. Le fait que l’industrie se soit mobilisée a aussi certainement influencé les consommateurs à acheter des produits fabriqués ici. »
Si Madame Livernoche confirme que les Québécois consomment les fromages différemment qu’ailleurs dans le pays en raison de « notre culture qui est plus française », elle indique qu’il reste beaucoup à faire en matière d’éducation ailleurs au Canada. « Puisqu’à partir de l’Ontario jusque dans l’ouest du pays, les meilleurs vendeurs demeurent les fromages dits de commodité (cheddar, mozzarella, feta), nous nous adaptons au marché. Notre grande flexibilité nous permet d’ailleurs de répondre à ces différentes demandes, mais aussi de faire de l’éducation là où c’est nécessaire. »
Pour favoriser l’aspect pédagogique souhaité, c’est par la promotion de ses produits que la fromagerie souhaite conserver sa clientèle et rejoindre celle qu’elle n’a pas encore acquise. « Puisque la compétition est forte en ce qui a trait aux niveau des prix et à la diversité, nous avons décidé d’investir une partie importante de notre budget marketing dans la promotion et la dégustation de nos produits. »
Une offre durable
Les défis liés à la distribution demeurent majeurs pour une industrie qui s’adresse à la fois au marché de détail et au secteur de la restauration. « Toutes les fromageries ont différents clients, différents territoires à couvrir. Notre fromagerie a un marché local dans Lanaudière, mais nos produits se trouvent aussi à Toronto et à Vancouver. Il faut donc être très présents, soutenir les distributeurs, structurer les activités en ayant différentes stratégies et aller à la rencontre de tous nos clients. »
Le fait que la fromagerie propose une offre variée lui permet de s’offrir une flexibilité importante. « Cela fait en sorte qu’on se différencie parce qu’on a une belle offre de produits. Ça nous donne aussi les moyens d’innover et d’améliorer nos pratiques. Dans le cas où l’on produit des fromages fins, on a développé un savoir-faire autant qu’on a développé une expertise pour la production de cheddar en très grande quantité. »
Être innovant en voyant à long terme
Pour la Fromagerie Champêtre, être innovant est d’investir dans des produits qui vont durer et dont les retombées seront importantes. « Nous croyons que ce soit une bonne idée de mettre ses efforts dans l’innovation de produits qui sont là pour rester. Ce sont des idées de développement durable, de protection de l’environnement, de protection de notre marché, qui encouragent l’achat local et qui sont écoresponsables. En 2020, ce sont des tendances que nous continuerons à mettre de l’avant », conclut Stéphanie Livernoche.