Par Geneviève Morin, conseillère à l’exportation
Le 30 décembre dernier marquait l’entrée en vigueur de l’Accord de Partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP) regroupant l’Australie, le Brunei, le Canada, le Chili, le Japon, la Malaisie, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, le Pérou, Singapour et le Vietnam.
Ce nouvel accord de libre-échange, l’un des plus importants conclus jusqu’à maintenant, octroie un accès privilégié aux entreprises canadiennes à près d’un demi-million de consommateurs dans le marché ayant actuellement la croissance la plus rapide au monde. Ensemble, les pays signataires du PTPGP génèrent un PIB combiné de 13 500 milliards (13 500 G$) de dollars canadiens, représentant pas moins de 13,5 % du PIB mondial.
Bien qu’il sera bénéfique pour plusieurs secteurs, cet accès privilégié sera d’autant plus profitable dans le secteur agroalimentaire puisqu’il éliminera les droits de douane sur la majorité des exportations de produits agricoles et agroalimentaires du Canada vers les autres pays partenaires. Dès lors, les produits canadiens deviendront plus concurrentiels en termes de prix dans ces marchés, ce qui leur permettra d’être plus attrayants à l’œil du consommateur et de demeurer compétitifs par rapport aux exportations d’autres pays. La mise en action du PTPGP a aussi pour but de réduire les obstacles non tarifaires au commerce entre les 11 pays concernés. Ces dispositions seront d’ailleurs appuyées par des mécanismes de réglements des différends bien documentés.
Cet accord commercial apportera, pour les entreprises québécoises, de nouveaux débouchés intéressants dans la région de l’Asie-Pacifique, principalement en Malaisie, au Vietnam et au Japon. Ce dernier éliminera les droits de douane sur près de 32 % de ses lignes tarifaires dédiées aux produits agricoles et agroalimentaires.
Parmi les pays signataires du PTPGP, le Japon présente des possibilités particulièrement intéressantes pour les entreprises québécoises. En effet, il est le troisième marché en importance pour les exportations agroalimentaires canadiennes, en plus d’être la troisième économie la plus importante au monde après les États-Unis et la Chine. Or, les produits bioalimentaires canadiens étaient assujettis à des droits de douane significatifs qui s’élevaient en moyenne à 16,3 % en 2016. Les produits canadiens jouissant déjà d’une très bonne réputation auprès des consommateurs japonais, le PTPGP vient alléger cette charge afin de rendre les produits canadiens plus compétitifs.
Le Japon est un marché de choix pour les entreprises bioalimentaires québécoises. Nous y exportons principalement de la viande porcine, des oléagineux non transformés, du sirop et du sucre d’érable ainsi que des produits marins pour un total global de 480,4 millions de dollars canadiens en 2016 seulement. Or, si nous prenons l’exemple des produits du porc, les taux de droits de douane, qui pouvaient atteindre jusqu’à tout récemment 20 %, seront complètement éliminés d’ici les 10 prochaines années. En ce qui a trait au sirop et au sucre d’érable, ceux-ci étaient assujettis à des droits de douane pouvant atteindre 17,5 % ou 13,5 yens le kilo. Avec la mise en action du PTPGP, ces droits de douane seront entièrement éliminés d’ici les trois prochaines années.
En plus d’offrir un accès préférentiel au marché nippon, le PTPGP viendra également faciliter l’accès aux marchés vietnamien et malaisien pour les exportateurs agroalimentaires canadiens. Avant l’entrée en vigueur du nouvel accord, le Canada faisait face à des obstacles tarifaires importants dans ces deux marchés. Les droits de douane y étaient respectivement de 17 % et de 10,9 %. Or, le Vietnam a déjà éliminé les droits de douane sur presque 31 % de ses lignes tarifaires et, d’ici 15 ans, c’est 67 % de celles-ci qui en seront exemptées. De son côté, la Malaisie éliminera les droits de douane sur 92 % de ses lignes tarifaires dès qu’elle viendra rejoindre les autres pays du PTPGP. Pour le moment, l’Accord n’est entré en vigueur officiellement que dans 7 des 11 pays signataires.
L’Australie ainsi que la Nouvelle-Zélande viendront à leur tour éliminer les droits de douane sur la totalité des produits agricoles et agroalimentaires en provenance du Canada d’ici cinq ans seulement. Le PTPGP aura ainsi le potentiel de faciliter les exportations québécoises et canadiennes dans plusieurs économies clés de l’Asie-Pacifique, et de stimuler la croissance à long terme et le succès à l’export des entreprises bioalimentaires d’ici.