CHEQUE ALIMENTAIRE. Défendue par les citoyens de la convention citoyenne pour le climat, le chèque alimentaire pour les plus démunis fait l’objet d’arbitrages du gouvernement.
Mis à jour le 24 février 2021 à 09h45] A quoi va ressembler le chèque alimentaire ? Le dispositif est en « cours de finalisation », a assuré le ministre de l’Agriculture au micro de RTL. « Il faut faire une aide nutritionnelle : on a une inégalité sociale nutritionnelle dans notre pays. Il faut permettre à chacun d’accéder à des produits de qualité. C’est quoi les produits de qualité ? Ce sont les produits frais et les produits locaux », a détaillé Julien Denormandie. Le chèque alimentaire n’est pas une idée issue des rangs du gouvernement. Elle est défendue par les citoyens de la Convention citoyenne pour le climat. « Nous recommandons notamment la création de chèques alimentaires [pour les personnes les plus démunies] qui pourront être utilisés pour acquérir des produits durables (issus de l’agro écologie, des circuits courts) », pouvait-on ainsi lire dans le rapport final de la convention remis l’an dernier. A la mi-décembre, le président de la République avait échangé avec les citoyens de la Convention citoyenne pour le climat. Il avait alors promis de mener à bien ce projet : « Vous avez raison. On va le faire ». Une décision qui est loin d’être anodine puisqu’elle intervient dans un contexte de crise sociale où de nombreux Français sont désormais contraints de recourir à l’aide alimentaire. Etudiants, travailleurs précaires, familles monoparentales… Faute de revenus suffisants, le budget alimentaire de nombreux foyers est mis à mal. Qui va avoir droit au chèque alimentaire ? Quel en sera le montant ? Qui sera chargé de l’attribution : le CCAS, la CAF ? Pour l’heure, ces questions n’ont pas encore été tranchées. Linternaute.com fait le point en attendant les derniers arbitrages, qui doivent être faits d’ici fin mars. Le dispositif, lui, devrait être mis en place au mois de septembre.
Le chèque alimentaire, pour les plus démunis, mais qui ?
Le chèque alimentaire est un dispositif qui s’adresse aux personnes les plus démunies. Quels en seront les critères ? Y aura-t-il un seuil de revenu fiscal de référence à ne pas dépasser ? Pour l’heure, ces questions n’ont pas encore été arbitrées. A ce stade, plusieurs pistes sont sur la table. On vous les résume :
- Le ministère de l’Economie défend l’idée que le dispositif soit confié aux centres communaux d’action sociale (CCAS), visant ainsi 5 millions de bénéficiaires, piste également présentée par les citoyens de la Convention citoyenne dans leur rapport.
- Le ministre de l’Agriculture, lui, penche plutôt pour une aide à destination « des jeunes ou des familles avec enfants à revenus modestes », sous forme de chèque ou de carte. L’idée est également portée par le député de Paris, Mounir Mahjoubi, qui défend un projet proche de celui de Julien Denormandie.
Les associations caritatives, elles, estiment que le nombre de bénéficiaires potentiels est bien supérieur, à 8 millions. Selon une enquête de l’institut CSA, plus d’un million de Français ont fait appel aux banques alimentaires depuis le début de la crise de la crise sanitaire en mars dernier. « Avoir moins d’un million de bénéficiaires ne serait pas utile ; la véritable cible se situerait entre six et huit millions », estime le député Mounir Mahjoubi dans un entretien récent à Ouest-France.
Quels produits pourra-t-on acheter avec le chèque alimentaire ? Uniquement du bio ?
Là aussi, la liste doit faire l’objet d’arbitrages prochainement. Dans leur rapport, les citoyens de la Convention citoyenne pour le climat défendent un dispositif permettant d’acheter « des produits durables (issus de l’agro écologie, des circuits courts) ». « Le terme « durable » est habituellement utilisé comme désignant les 50% de produits devant entrer dans la composition des repas dans la restauration collective (…) issu de la loi EGALIM », peut-on lire.
« Le groupe LREM propose d’offrir des chèques alimentaires (…) [qui] permettraient d’acquérir des produits vertueux tels que précisés dans la loi Egalim : des produits frais à signe de qualité – type bio ou labels – avec une priorité sur les fruits et légumes », explicite Mounir Mahjoubi auprès du quotidien régional Ouest-France. « Ouvrir à d’autres produits plus chers ne serait pas forcément significatif dans le panier de la famille. Pour nous, 85 % de l’argent investi devra ensuite revenir aux agriculteurs. Nous avons cependant bien conscience que dans certaines circonscriptions populaires et urbaines, qui ont peu de vente en circuits courts ou à la ferme, rien ne sera possible si on ne travaille pas avec la grande distribution ».
Le scénario défendu par Bercy, qui propose d’attribuer cette compétence aux CCAS, est également sur cette ligne. « L’Etat payerait donc la différence entre un panier alimentaire normal et un panier répondant aux critères durables (bio, label rouge, IGP, etc.) définis par la loi Egalim de 2018 », peut-on lire dans Les Echos.
Les CCAS distribuent-ils déjà le chèque alimentaire ?
Dans les communes, les centres communaux d’action sociale (CCAS) ont déjà un rôle déterminant auprès des plus précaires. Les CCAS peuvent en effet délivrer des aides, soit sous forme d’aides en nature (les colis alimentaires), soit d’aide financière (aide à la restauration scolaire, les bons ou chèques alimentaire, chèque d’accompagnement personnalisé…).
Vous souhaitez savoir si votre commune octroie des bons alimentaires ? Tournez-vous vers votre CCAS, car les dispositifs varient d’une localité à l’autre. Dans le département de la Somme, par exemple, le CCAS de la ville d’Albert a mis en place des bons d’une valeur de 25 euros depuis juin 2020. Le nombre de bons varie en fonction de la composition du foyer de 4 à 7 bons « distribués pour une période de 2 mois renouvelables ».
Quel sera le montant du chèque alimentaire ?
Le montant du chèque alimentaire n’est pas encore connu. Pour l’heure, seul le député de Paris, Mounir Mahjoubi, a présenté une proposition chiffrée, avec un chèque dont le prix serait compris entre 30 et 60 euros par mois par famille. « Le budget total pourrait alors s’élever de quelques centaines de millions à deux milliards d’euros », indique le député à Ouest-France. « Après, cela viendra en confrontation avec d’autres propositions, comme des allocations spécifiques pour la période Covid. C’est tout l’objet des discussions qui ont lieu au niveau gouvernemental ». Le puissant syndicat agricole FNSEA propose quant à lui un dispositif qui permettrait de dépenser 5 euros par jour.
La CAF attribue-t-elle aussi des chèques alimentaire ?
La Caisse des allocations familiales n’attribue pas de chèques alimentaire à l’échelle nationale. A l’échelon local, certains dispositifs d’aides alimentaires peuvent être mis en place. Il est conseillé de contacter le service action sociale de sa caisse. Sur son site dédié, la Caf de Saône-et-Loire mettait notamment en avant la mise en place d’une aide ponctuelle en avril 2020, afin d’aider les plus démunis à acheter des produits alimentaires de première nécessité. Le dispositif s’adressait alors aux bénéficiaires de prestations familiales, des APL, du RSA et de la prime d’activité.