Nuggets, bonbons, sodas, biscuits apéritifs, plats avec conservateurs… : les aliments « ultratransformés », conçus pour satisfaire immédiatement nos papilles mais pas forcément notre appétit, sont pointés du doigt par des livres et des études scientifiques.
Vous en avez sûrement déjà fait l’expérience. Vous ouvrez un sachet de bonbons, une plaquette de chocolat ou un paquet de gâteau… et vous ne pouvez plus vous arrêter de manger avant d’avoir englouti l’intégralité de son contenu.
Michael Moss, journaliste américain, a tenté de percer ce mystère dans un livre : Sucre, sel et matières grasses, comment les industriels nous rendent accros . Selon lui, une des clés se trouve dans les recettes des industriels qui cherchent le « point de félicité » : l’équilibre entre sucre, gras et sel qui vous donne le maximum de plaisir. « Ils sont conçus pour déclencher un plaisir immédiat, et leur structure – souvent on les mastique moins que les produits bruts – stimule peu l’hormone de satiété : résultat on peut manger sans fin », explique le Dr Anthony Fardet, auteur de Halte aux produits ultratransformés, mangeons vrai ! ( Thierry Souccar Éditions).
Risques pour la santé
Mais plaisir et santé ne font pas toujours bon ménage… Une enquête parue dans la revue médicale britannique British Medical Journal observe une corrélation entre ces aliments « ultratransformés » et le risque de cancer (sans pour l’instant expliquer le lien de cause à effet). Leur consommation est également pointée du doigt dans la progression de l’obésité et du diabète dans le monde. « Les aliments ultratransformés sont pauvres en composés protecteurs (fibres, minéraux, vitamines, antioxydants). Ils apportent des « calories vides » et sont peu rassasiants par rapport à un produit brut. Si vous en mangez une ou deux fois par jour, pas de risque. Le problème, c’est quand vous en faites la base de votre alimentation », explique Anthony Fardet, chargé de recherche en alimentation préventive et holistique.
« Une seule étude, sur la base de déclaration, ouvre des questionnements mais ne permet pas de faire des recommandations », tempère Esther Kalonji, directrice alimentation et santé à l’Association nationale des industries agroalimentaires. Pour l’experte de l’industrie agroalimentaire, il n’y a « aucun consensus » sur la définition d’un produit ultratransformé, pas plus qu’il n’existe, selon elle, de « point de félicité ». « Les industriels conçoivent leurs produits pour qu’ils soient sains, sûrs, qu’ils aient du goût, qu’ils soient pratiques et se conservent. Les consommateurs sont contents, quand ils font leurs courses que les produits puissent se garder ! », répond Esther Kalonji.
« Aucun aliment n’est mauvais »
Face à la progression de l’obésité, « aucun aliment n’est mauvais en soi. Le sujet c’est la consommation finale : l’équilibre alimentaire se fait sur la durée et repose sur la diversité des aliments et la juste taille des portions. La prévention, c’est une affaire globale, où l’activité physique entre en jeu. Il faut offrir au consommateur les informations pour qu’il construise une alimentation équilibrée », poursuit-elle.
Le gouvernement précédent a mis en place le logo Nutri-score, un logo officiel pour informer sur les qualités nutritionnelles d’un produit, selon un code couleur (du vert au rouge). Son adoption est à la bonne volonté des entreprises. Pour l’instant, seules 33 ont fait le choix de cette étiquette, sur les plus de 17 000 que compte le secteur agroalimentaire en France.
En attendant, une start-up française s’est emparée du créneau. L’application Yuka, que vous pouvez télécharger sur votre téléphone portable, scanne les étiquettes et classe les produits en fonction de leur impact sur la santé. Elle vous permet de voir les produits qui sont bons et ceux qu’il vaut mieux éviter…