Nouveau rapport des Études économiques sur le secteur agricole au Canada et aux États-Unis

Pour la première fois depuis des années, les agriculteurs nord-américains sont aux prises avec des difficultés de culture généralisées, selon un nouveau rapport des Études économiques de BMO sur le secteur agricole au Canada et aux États-Unis.

« Tant au Canada qu’aux États-Unis, le temps exceptionnellement chaud et sec dans les prairies a réduit le rendement des cultures et entraîne la production des principales denrées comme le blé et le canola à des creux pluriannuels, a déclaré Aaron Goertzen, économiste principal, BMO Marchés des capitaux. Mais il y a un côté positif : après des années d’offre excédentaire, les attentes d’une récolte moins abondante ont contribué à provoquer une forte hausse des prix des récoltes. Le renforcement de la demande a également aidé. »

Le rapport note que la demande alimentaire n’a pas seulement bien résisté à la récession due au coronavirus, elle a fortement augmenté, et les volumes d’épicerie sont restés élevés alors même que le secteur de la restauration a rouvert. « La forte demande, associée à une offre moins abondante, a fortement augmenté les prix des récoltes et du bétail, a poursuivi M. Goertzen. C’est en soi une excellente nouvelle pour le secteur agricole. »

Le rapport signale également un autre défi : les coûts augmentent aussi, les agriculteurs de tout le continent devant faire face à des prix plus élevés pour nombre de leurs intrants les plus importants, notamment les équipements, les engrais, les aliments pour animaux et l’énergie. « Compte tenu de la hausse des coûts, il est plus important que jamais pour les agriculteurs de se concentrer sur l’efficience, a indiqué M. Goertzen. Heureusement, les producteurs de cultures et de bétail ont un bilan impressionnant à ce chapitre. Dans l’ensemble, la production de blé en Amérique du Nord a augmenté d’environ 40 pour cent au cours du dernier demi-siècle, même si la superficie consacrée à cette culture a diminué de plus de 20 pour cent. Les éleveurs de bétail ont également fait des progrès considérables sur le long terme; aux États-Unis, le bouvillon prêt à l’abattage moyen pèse aujourd’hui près de 350 livres de plus au moment de l’abattage qu’il y a cinquante ans. »

« La situation dans l’Ouest est un défi de production matérielle et elle affecte les producteurs dans presque tous les secteurs, a déclaré Janine Sekulic, directrice générale nationale, Agriculture et agroalimentaire, Services bancaires aux grandes entreprises au Canada, BMO Banque de Montréal. Nous sommes en contact permanent avec nos clients et travaillons avec nos partenaires internes pour nous assurer que nous sommes prêts à aider là où nous le pouvons. En agriculture, il n’y a pas de solution universelle et nous croyons que la clé est de comprendre le secteur et les besoins individuels de chaque client, dans les bons et les mauvais moments.

Malgré les défis actuels, nous voyons d’énormes possibilités en agriculture. Nous avons confiance dans la résilience de nos clients. Nous sommes plus positifs que jamais quant aux perspectives à long terme de ce secteur », a conclu Mme Sekulic.

« Aux États-Unis, les agriculteurs et les éleveurs de bétail sont en meilleure forme financière que ces dernières années; cependant, ils doivent faire face à un certain nombre de défis, qui comprennent l’incertitude météorologique, l’augmentation des coûts du carburant, des engrais, des semences, des aliments pour animaux, du loyer et de la main-d’œuvre, ainsi que la variabilité des prix du marché, a indiqué Sam Miller, directeur général et chef, Services bancaires aux agriculteurs, BMO Harris Bank. Des pratiques prudentes de gestion des risques demeurent essentielles pour réussir à naviguer dans les conditions actuelles et prévues du marché. »

Récoltes

Il apparaissait évident depuis des mois que les rendements des cultures dans les prairies seraient inférieurs cette année, mais les dernières estimations sont révélatrices. « Aux États-Unis, les rendements totaux de blé devraient être d’environ 12 pour cent inférieurs à la tendance cette année, et cette estimation tient compte d’une bonne récolte de blé d’hiver plus tôt cette année, a précisé M. Goertzen. Au Canada, qui produit principalement du blé de printemps, les rendements devraient être inférieurs d’environ 33 pour cent à la tendance cette année. La sécheresse dans les prairies a également dévasté les rendements du canola canadien, généralement la culture la plus génératrice de revenus au pays, qui devraient être inférieurs de 37 pour cent à la tendance cette année. Les rendements du canola américain sont également extrêmement faibles, bien que cette culture ne soit pas intensive au sud de la frontière. »

Bien que les rendements de maïs et de soja nord-américains aient relativement bien résisté cette année, reflétant des conditions généralement accommodantes dans le Midwest américain, les stocks continentaux de toutes les principales cultures deviennent extrêmement bas. « Dans l’ensemble de l’Amérique du Nord, les stocks de blé, de canola, de maïs et de soja devraient tous tomber près de leur plus bas niveau de la décennie par rapport à la consommation d’ici la fin de la campagne de commercialisation en cours », a énoncé M. Goertzen.

Bétail

Les prix du bétail bénéficient également d’une offre plus restreinte après des années d’expansion du cheptel. Le cheptel bovin nord-américain a en fait baissé avant la pandémie, mais il a encore diminué en 2020, car les fermetures d’abattoirs ont sapé les prix à la ferme. Cette année, l’effectif global du cheptel bovin est resté sous pression, car les producteurs des régions touchées par la sécheresse ont pris la décision difficile de réformer leurs troupeaux, poussés par la qualité réduite des pâturages, le coût plus élevé des aliments achetés et, dans les zones les plus touchées, les pénuries d’eau potable.

« Le fait que les prix des bovins aient eu tendance à augmenter malgré ces abattages témoigne de la solidité de la demande, a noté M. Goertzen. Dans l’ensemble, le cheptel bovin nord-américain est en passe de terminer cette année avec environ 2,1 pour cent de bêtes de moins qu’à la fin de 2018. »
L’industrie porcine a connu une dynamique globalement similaire. Après une période d’expansion rapide, les arrêts de la transformation de la viande de l’année dernière ont mis les producteurs de porcs résolument en mode de réduction du troupeau et ont considérablement réduit la taille de la production porcine. Cette année, les coûts élevés des aliments pour animaux entraînent un taux d’abattage record, ce qui maintient la pression sur le troupeau. Dans l’ensemble, le cheptel porcin nord-américain est en passe de terminer cette année avec une réduction d’environ 2,2 pour cent par rapport à la fin de l’année 2019.