Tel que présenté en conférence lors de la journée DUX+ en début d’année, nous pouvons constater que les discussions structurées sur l’avenir d’une organisation, qui est souvent considéré comme un outil à long terme, offrent l’occasion de remettre en question des hypothèses préexistantes. C’est là la richesse de ce processus qui peut apparaître comme ardu de prime abord. Maintenant que vous êtes davantage informé sur l’épicerie du futur, il est temps de passer à l’action pour façonner l’avenir de votre industrie !
Il faut garder en tête que la valeur de la réflexion sur le futur dépend moins de l’exactitude des prévisions que de provoquer des actions dans le présent qui peuvent créer le futur que l’on souhaite voir se concrétiser.
Savoir profiter des technologies
Grâce à la technologie, nous avons davantage la possibilité de capturer et d’analyser en continu les données du système alimentaire. Bien que ce ne soit qu’un début, on constate déjà comment les technologies de la communication modifient la façon dont nous écrivons et partageons les recettes, les rituels et les repas. Ce genre de changement vient inévitablement déstabiliser les organisations qui se laissent malheureusement désorganiser à mesure que la technologie devient plus accessible et démocratisée. L’innovation outrepasse pourtant les frontières traditionnelles de l’organisation et de son expertise, s’épanouissant dans une éthique d’ouverture et de participation, tandis que de nouveaux acteurs émergents créent leurs propres plateformes, expérimentant l’automatisation, la science des données et la conception, bousculant au passage les schèmes de références.
Mais quels seront les ingrédients de changement ?
- De nouvelles capacités, des outils et des plateformes pour créer des expériences alimentaires.
- Des catalyseurs amplifiant et activant ces nouveautés et accélérant l’innovation et la transformation.
- Des chemins qui mèneront aux innovations alimentaires et au changement du système alimentaire pour la prochaine décennie.
Des catalyseurs de transformation
Les ingrédients de changement qui semblent les plus risqués aujourd’hui pourraient constituer les possibilités de croissance les plus évidentes à l’avenir ou les points de perturbation les plus probables. Faire des expériences avec de nouveaux modèles commerciaux, simuler l’impact de ces nouvelles technologies et identifier les nouvelles mesures à suivre aujourd’hui peut renforcer la préparation et la souplesse des organisations à long terme.
Dans les dernières années, et ce, dans divers secteurs, on a vu que certaines entreprises ont été trop frileuses. En rétrospective, ces exemples prennent place dans des récits classiques de perturbations. Des industries qui ont attendu trop longtemps ou qui n’ont fait que des innovations progressives. Lorsque les revenus des succursales Blockbusters ont chuté, les dirigeants ont essayé d’augmenter les ventes en élargissant l’offre aux livres, aux jouets et aux bonbons. Un changement devait s’opérer. Pourtant, en 2000, lorsque Reed Hastings, fondateur d’une société naissante appelée Netflix, a lancé son idée devant le PDG de Blockbusters, il a été renvoyé. Sa vision du contenu en continu semblait trop risquée. Il faut dire que très peu de gens avaient l’Internet à haut débit à l’époque.
Nous savons tous ce qui s’est passé ensuite. Blockbuster a fait faillite en 2010 et Netflix est maintenant une société d’une valeur de 28 milliards de dollars. Le risque doit être envisagé de deux façons. Soit il représente une possibilité de croissance ou il correspond à un point de rupture. L’un n’est pas nécessairement isolé de l’autre. Un point de rupture pouvant se développer plus tard en occasion à saisir.
Les catalyseurs de transformation se situent dans les quatre approches suivantes :
- Cultiver les réseaux
- Personnaliser pour assurer la qualité
- Libérer la valeur latente
- Créer de la résilience
Cultiver les réseaux
Au fur et à mesure que le paysage de l’innovation alimentaire gagnera en ouverture et permettra aux acteurs à petite échelle de concurrencer les acteurs établis, il deviendra essentiel d’établir des liens durables au-delà des barrières traditionnelles d’échelle, de concurrence et d’industrie. Catalyser l’innovation au cours de la prochaine décennie en cultivant des réseaux – de données, de microbes, de bioblocs synthétiques et même de récits de production participative, communément appelée « crowdsourced » – sera incontournable.
David Weinberger, du Centre Berkman pour Internet & Society de l’Universtié Harvard, a expliqué que par le passé, les connaissances traditionnelles, liées à la santé et à la science présentaient les caractéristiques suivantes : elles étaient organisées, rares, bien établies, ordonnées et discrètes. Il mentionne que nous nous appuyions alors sur des experts pour prendre « un morceau de cerveau d’une partie du monde », le comprendre et l’expliquer aux autres. Aujourd’hui, à l’ère du réseau, l’information est inclusive, accablante, désordonnée et reliée. Et parce que l’information est si complexe, elle ne peut plus vivre dans la tête des individus.
Comprendre et réagir aux besoins du consommateur
Voici une approche qui est centrée sur l’homme. Il devient primordial de comprendre les besoins et les désirs des différentes personnes et des différents segments de la population. La qualité ne signifie plus seulement la sécurité et la cohérence. Il faut maintenant concevoir de manière à répondre de façon dynamique à toute une gamme de besoins et à donner aux gens la possibilité de personnaliser leurs expériences.
Nous savons que la nourriture est beaucoup plus qu’un système de distribution d’éléments nutritifs. On ne peut donc plus la voir de cette manière, comme le suggèrent les recommandations de la FAO pour le programme Responsible Investment in Agriculture. Selon les nouvelles directives, des investissements responsables augmenteront la « production durable d’aliments sains, nutritifs, diversifiés et culturellement acceptables ». Pourtant, la nourriture et la culture sont indissociables. Les nouveaux modes de vie donnent lieu à de nouvelles expériences culinaires et à des histoires de valeur et de sens qui s’interprètent à travers nos vies de consommateurs, de travailleurs, de parents, de citadins, etc. Chaque personne interprète l’expérience différemment. C’est en s’adressant à cette personne de la façon la plus personnelle possible que l’on arrivera à lui faire voir la qualité de notre offre.
Ce projet (conférence DUX+ et ce texte) a été réalisé grâce à une aide financière du Programme Innov’Action agroalimentaire issu de l’Accord Canada-Québec de mise en œuvre du Partenariat canadien pour l’agriculture.
Dans la seconde partie du texte sur comment savoir conjuguer le futur au présent, nous traiterons, entre autres, de résilience. À lire prochainement sur le site web de L’actualité ALIMENTAIRE.