Alors que les négociations de l’ALENA pourraient se conclure incessamment, un front commun de représentants de tous les segments des filières laitières et avicoles québécoises et des partis politiques, le président général de l’Union des producteurs agricoles (UPA) et porte-parole du Mouvement pour la gestion de l’offre (MGO), Marcel Groleau, le président des Producteurs de lait du Québec, Bruno Letendre, le premier vice-président des Éleveurs de volailles du Québec, Louis-Philippe Rouleau, le président de la Fédération des producteurs d’œufs du Québec, Paulin Bouchard et le président des Producteurs d’œufs d’incubation du Québec, Gyslain Loyer, ont exigé du gouvernement canadien, lors d’un point de presse, qu’il demeure très ferme et continu de protéger intégralement la gestion de l’offre.
« Les secteurs laitiers et avicoles sont névralgiques pour l’économie du Québec et du Canada et le maintien de la gestion de l’offre est fondamental pour ces productions. C’est non seulement notre production locale et notre capacité à nourrir notre propre population qui est en jeu, mais ce sont des milliers d’emplois et d’entreprises familiales partout au Québec et au Canada qui risquent de disparaître. Le gouvernement canadien doit défendre avec fermeté sa position en faveur de la gestion de l’offre dans le cadre de la renégociation de l’ALENA et il ne doit pas céder aux demandes injustifiées de Donald Trump » a déclaré Marcel Groleau. En effet, la production laitière canadienne génère plus de 221 000 emplois et contribue à la hauteur de 19,9 milliards de dollars au PIB. Au Québec, les 6 513 fermes familiales des productions sous gestion de l’offre génèrent 116 000 emplois et sont à la source de 8,7 milliards de dollars en contributions au PIB et de 2,1 milliards de dollars en retombées fiscales. Elles jouent un rôle déterminant dans l’occupation du territoire de nos régions.
« Lors des deux dernières négociations commerciales, celle conclue avec l’Union européenne (AECG) et celle du Partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP), le Canada a cédé des parts de marché des productions sous gestion de l’offre, à la demande des Américains dans le dernier cas. Dans les faits, ces concessions font déjà du Canada un des marchés les plus ouverts dans le monde. Le Canada importe notamment plus de 10 % de ses besoins en produits laitiers, en majorité en provenance des États-Unis, alors que ces deniers n’importent que 3 % de leurs besoins. Il en est de même pour la filière du poulet où les importations canadiennes excèdent 16 % de la production, alors que les États-Unis importent du Canada moins de 1 % de leur production. On ne peut céder davantage, que ce soit en accès au marché ou quelque autre aspect de la gestion de l’offre, sans mettre en péril la pérennité des secteurs concernés » a ajouté M. Groleau. Les concessions de 2 % de notre marché laitier dans l’AECG et de 3,1 % dans le PTPGP représentent des pertes financières de 260 millions de dollars au total pour les producteurs de lait seulement, des pertes pour lesquelles, jusqu’à présent, les producteurs n’ont pas été indemnisés.
Une balance commerciale déjà à l’avantage des États-Unis
« Les demandes et les attaques formulées par Donald Trump à l’égard de la gestion de l’offre et du secteur laitier canadien sont injustifiées et ne passent pas l’épreuve des faits. Les Américains sont déjà très gagnants avec l’accord actuel de l’ALENA » a insisté M. Groleau. En effet, depuis sa mise en œuvre en 1994, les échanges agricoles entre le Canada et les États-Unis se sont beaucoup accrus, au grand avantage de nos voisins. Les États-Unis ont, en 2016, profité d’un excédent commercial agricole de 2,2 milliards de dollars avec le Canada. Ainsi, entre 1993 et 2016, la valeur des produits laitiers américains vendus au Canada est passée de 50 millions de dollars à 557 millions de dollars. L’an dernier seulement, les trois quarts des importations canadiennes de produits laitiers provenaient des États-Unis. Notre déficit commercial pour ce secteur a atteint 445 millions de dollars.
En 2016, 16 % de la consommation canadienne totale de viande de poulet provenait de l’étranger. La quasi-totalité de ces importations (14 % de la consommation canadienne) est venue des États-Unis. Le scénario se répète et s’accentue dans le secteur des œufs. Les importations d’œufs d’incubation américains représentent aujourd’hui plus du cinquième de la production canadienne, sans compter qu’à peu près 30 % des exportations américaines d’œufs de consommation prennent systématiquement la route du Canada.
L’appui de la population
Les Canadiens ont compris l’importance de la gestion de l’offre. Deux récents sondages ont démontré que plus du trois quarts des Canadiens soutiennent la gestion de l’offre. Un sondage Ipsos rendu public le 3 mai indique d’ailleurs que 60 % des Canadiens affirment que la mesure dans laquelle Ottawa se portera à la défense des intérêts de ce secteur aura une incidence sur leur vote lors des prochaines élections. « Compte tenu de ces considérations, nous soutenons le gouvernement canadien dans ses efforts pour garder intacte la gestion de l’offre à l’issue de la négociation de l’ALENA, car c’est l’approche qui répond le mieux aux attentes des consommateurs et de l’ensemble de l’industrie » a conclu Marcel Groleau.