L’industrie de l’agriculture verticale d’intérieur affiche l’une des plus importantes augmentations de financement d’une année à l’autre selon le rapport d’investissement AgriFoodTech d’AgFunder. En 2019, les investissements dans ses systèmes ont bondi de 38 % par rapport à 2018.
« Orlando a été notre première installation à grande échelle, mais nous sommes impatients de doubler nos activités », déclare le PDG de Kalera, Daniel Malechuk, pour qui l’agriculture verticale d’intérieur a été une question de circonstances favorables. « Notre plan de déploiement est conforme au calendrier prévu et nous continuerons de le revoir dans les mois et les années à venir. Ce sera un déploiement massif à travers l’Amérique du Nord et nous avons des plans pour une expansion internationale rapide. »
Kalera a récemment annoncé son intention d’ouvrir ce qu’elle décrit comme la plus grande ferme verticale du Texas. L’emplacement donne accès à un certain nombre de zones densément peuplées à proximité qui présentent une forte demande de produits alimentaires locaux.
Un plan d’affaires… à la verticale
Cette annonce arrive seulement deux mois après que Kalera a révélé des plans pour une nouvelle installation à Atlanta qui ouvrira au début de 2021. Deux mois plus tôt, l’entreprise avait ouvert sa deuxième ferme verticale située à Orlando. La start– up n’a divulgué aucune information sur son financement externe à ce jour, ce qui pourrait expliquer pourquoi de nombreuses personnes n’en ont jamais entendu parler auparavant, mais elle est « très bien financée », selon Malechuk.
La technologie d’agriculture verticale de Kalera comprend un système de gestion de la nutrition exclusif qui rééquilibre les niveaux de nutriments de l’eau à l’aide de capteurs et d’analyses de données, ainsi que des mécanismes de contrôle pour réguler la température, l’humidité, le flux d’air et l’éclairage. La start-up a passé ses 10 premières années d’exploitation à perfectionner ces technologies, d’après Malechuk.
Le fermier d’abord, la technologie ensuite
Mais la stratégie de déploiement rapide de Kalera a moins à voir avec la technologie qu’avec la mentalité. Kalera se considère d’abord comme un agriculteur et ensuite comme une entreprise de technologie.
« Nous tirons parti de la technologie quand nous le pouvons et là où nous le pouvons, mais nous ne perdons jamais de vue le fait que nous sommes d’abord des agriculteurs », déclare Malechuk.
Celui-ci affirme que cela aide Kalera à se différencier par « une économie unitaire de pointe ».
« Nous avons des rendements plus élevés et à moindre coût que ceux de n’importe qui dans l’industrie. Nous pouvons fournir nos produits aux citoyens ordinaires par l’intermédiaire d’un distributeur ou d’un détaillant local à un prix qui correspond à un produit comparable traditionnel qui vient de terres agricoles », affirme-t-il.
Malechuk était surtout muet en ce qui concerne la « sauce secrète » qui entre dans ces personnalités autoproclamées de « leader de l’industrie », mais il a donné quelques indices.
« Quand je dis que nous avons une attitude de fermier, je veux dire que nous croyons qu’il est plus important de bien faire le travail que de “faire du bruit” avec des feux d’artifice et des confettis à propos de ce que nous faisons. Nous nous concentrons sur le résultat final et le moyen le plus rentable d’y parvenir. »
Selon Kalera, son usine d’Atlanta sera la ferme verticale la plus productive du sud- est des États-Unis, mais son emplacement à Houston sera encore plus grand une fois qu’elle deviendra opérationnelle. Elle prévoit vendre les légumes verts de cette ferme aux industries de l’hôtellerie et du voyage, ainsi qu’aux détaillants et aux distributeurs de services alimentaires qui constituent sa clientèle principale. À titre d’exemple, Kalera a aidé à construire le HyCube — une ferme verticale sur place — à l’Orlando World Center Marriott, qui a fourni des légumes verts pour les restaurants et le centre de congrès du complexe.
Marriott n’est que l’une des nombreuses entreprises établies qui souhaitent faire découvrir l’agriculture en intérieur à de nouveaux endroits. En début d’année, Freight Farms a annoncé un nouveau partenariat avec Sodexo pour amener ses fermes de conteneurs sur les campus universitaires à travers les États-Unis. À New York, Farmshelf a ses propres armoires de culture déployées dans WeWork Food Labs. Au Royaume-Uni, Square Mile Farms a récemment financé plus de 300 000 $ pour réaménager des locaux pour bureaux avec des produits frais.
Les hauts et les bas de la pandémie
Cependant, alors que la pandémie balayait l’industrie de la restauration, de nouveaux défis sont apparus pour Kalera et ses concurrents.
« Il y a tellement d’incertitude par rapport au marché alimentaire en général, mais d’un autre côté, la pandémie a mis en évidence l’importance de la sécurité alimentaire et de la nourriture locale », dit Malechuk.
Alors que les consommateurs témoignent de la fragilité des chaînes d’approvisionnement mondialisées, certains voient l’intérêt d’opter pour des produits alimentaires à faible contact et d’origine locale. Partout aux États-Unis, la demande d’aliments produits localement a augmenté, car les rayons des supermarchés sont restés vides et les consommateurs ont de plus en plus peur de se rendre à l’épicerie.
« Moins un produit se déplace loin, moins il y a de mains qui le touchent, plus il est propre, sain et durable. Les gens se sentent plus à l’aise d’acheter des produits comme les nôtres », déclare Malechuk.
Kalera n’est pas la seule entreprise à voir cela comme une occasion à saisir pour l’agriculture verticale. Inno-3B, une start– up canadienne développant une solution d’agriculture verticale clé en main pour les sociétés pharmaceutiques à base de plantes, affirme y avoir trouvé un intérêt en lien direct avec la COVID-19.
Pour ce faire, elle s’est associée aux entreprises biopharmaceutiques PlantForm, Cape Bio Pharms et Biopterre. Inno-3B prévoit construire et exploiter une ferme moléculaire pilote dans son installation de 35 000 pieds carrés située à Saint-Pacôme, au Québec, que ses entreprises partenaires utiliseront également pour développer un traitement par anticorps monoclonaux pour les patients atteints de COVID-19.