La nouvelle année étant commencée, il est temps encore une fois pour les économistes agricoles de Financement agricole Canada (FAC) de prédire les cinq principales tendances pouvant influer sur l’agriculture canadienne en 2016. « En tant qu’économistes, nous nous efforçons de recueillir et d’analyser les données pour fournir les prévisions les plus justes aux producteurs afin de les aider dans leur planification à long terme et leur prise de décision, explique Jean-Philippe Gervais, économiste agricole en chef à FAC. Ce n’est pas facile étant donné le caractère passionnant et dynamique de l’industrie agricole canadienne où la demande des consommateurs et les possibilités d’exportations peuvent avoir un impact aussi important que les conditions météorologiques. »
Les régimes climatiques pourraient perturber l’offre et créer des possibilités
Il va sans dire que les conditions météorologiques peuvent créer d’importantes difficultés, ou des possibilités pour l’agriculture canadienne. La sécheresse qui sévit en Russie et en Ukraine, par exemple, pourrait réduire la production de blé et stimuler la demande de blé canadien. Le phénomène El Niño, ce grand courant marin chaud qui est à l’origine de conditions climatiques inhabituelles et qui perturbe les saisons de culture, devrait avoir un impact négatif sur la production d’huile de palme en Indonésie et en Malaisie ainsi que sur la production de pois chiches en Inde.
« Les légumineuses canadiennes seront nécessaires pour consolider la production insuffisante de l’Inde et les faibles stocks de report, ce qui créera une forte demande pour les légumineuses canadiennes et entraînera une hausse des prix en 2016 », précise M. Gervais, ajoutant que l’ONU a incidemment proclamé 2016 Année internationale des légumineuses.
« Les perspectives pour nos produits agricoles de base dépendent grandement de ce qui se passe ailleurs dans le monde; il est donc judicieux de surveiller les systèmes climatiques qui pourraient diminuer ou accroître l’offre des mêmes produits de base ou de leurs substituts », ajoute-t-il.
Les consommateurs réclament une plus grande diversité d’aliments tout en demeurant sensibles aux prix
Les consommateurs réclament davantage d’aliments diversifiés, mais sont-ils prêts à en payer le prix? Voilà la question que se posent de nombreux producteurs et transformateurs alimentaires qui font face à des pressions croissantes pour satisfaire les exigences complexes et parfois conflictuelles des consommateurs. Les choix de consommation comprennent les produits frais ou transformés, sains ou appétissants, locaux ou exotiques, avec des prix abordables comme dénominateur commun.
« Le Canada a traditionnellement prospéré en produisant des produits agricoles de base salubres et de grande qualité, mais les producteurs doivent maintenant faire le tri parmi des messages contradictoires et composer avec des préférences alimentaires changeantes, poursuit M. Gervais. En outre, les producteurs font face aux préoccupations croissantes du public concernant l’agriculture moderne, tout en s’efforçant de produire des aliments de façon efficiente à un coût acceptable pour les consommateurs. »
M. Gervais souligne que la demande d’aliments diversifiés crée un déficit commercial. En effet, les importations canadiennes de produits transformés ont dépassé les exportations; en 2010 l’écart était de 1,9 milliard de dollars tandis qu’en 2014 il était de 3,5 milliards de dollars. « Nous nous attendons à ce que cette tendance ralentisse et commence à régresser à mesure que les producteurs voient de plus nombreuses possibilités de produire des aliments plus variés », ajoute-t-il.
Les étoiles de l’économie continuent de briller pour l’agriculture
La vigilance est toujours de mise, mais la faiblesse des taux d’intérêt et du dollar continuera de créer des conditions économiques favorables pour l’agriculture canadienne en 2016, selon M. Gervais. « Les taux d’intérêt devraient demeurer très bas, malgré la possibilité d’une légère hausse des taux hypothécaires fixes de trois et de cinq ans, explique M. Gervais. Mais, dans l’ensemble, nous estimons que la conjoncture économique sera favorable aux exploitations agricoles, aux agroentreprises et aux transformateurs alimentaires en 2016. »
M. Gervais fait remarquer que la faiblesse des prix du pétrole et les perspectives différentes sur les taux d’intérêt au Canada et aux États-Unis continueront d’exercer une pression à la baisse sur le dollar canadien avant qu’il se ressaisisse au second semestre.
Les profits pourraient être comprimés par les stocks croissants de certains produits de base
Les prix de l’ensemble des produits agricoles de base devraient diminuer en 2016 en raison de l’offre excédentaire de certains produits et de l’offre accrue de certains autres. La faiblesse du dollar canadien contribuera à soutenir les marges de profit des producteurs de céréales et d’oléagineux, ce qui pourrait aider à compenser toute diminution de prix, indique M. Gervais.
M. Gervais prévoit que l’industrie de l’élevage connaîtra des résultats mitigés en 2016. Les prix des bovins devraient régresser, ce qui amincira les marges des parcs d’engraissement. Les exploitations vache-veau devraient demeurer rentables, mais leurs marges seront plus faibles qu’elles l’ont été ces dernières années. Selon les projections, les exploitations porcines devraient enregistrer des profits comparables à ceux de la moyenne des cinq dernières années, tirant parti de la forte demande de porc en Chine. Les profits dans le secteur laitier pourraient être plus vulnérables à cause des importations d’ingrédients laitiers et des faibles prix mondiaux des produits laitiers.
« Les coûts plus faibles d’aliments pour animaux devraient soutenir les marges dans le secteur de l’élevage et la demande de bœuf devrait grimper au Canada et dans le reste du monde, ce qui est une bonne nouvelle pour les producteurs », mentionne M. Gervais.
La dette agricole canadienne continuera de grimper, mais à un rythme plus lent
L’accroissement des recettes monétaires agricoles au cours des cinq dernières années a conduit à des investissements accrus dans l’agriculture canadienne et à l’appréciation de la valeur des terres agricoles. Cette tendance se stabilisera et il est probable que les ventes de nouveaux équipements agricoles ne s’amélioreront pas vraiment, même après avoir connu un ralentissement en 2015. Par conséquent, l’accroissement de la dette agricole devrait ralentir, selon M. Gervais.
« Les producteurs réévaluent leur potentiel de revenus en tenant compte des prix plus faibles des produits de base et de leur investissement dans les terres agricoles, indique-t-il. La faiblesse du dollar canadien rend les intrants agricoles plus chers, ce qui pousse les producteurs à rationaliser leurs activités.
La bonne nouvelle est que le revenu agricole net au Canada a progressé au même rythme que la dette agricole au cours des cinq dernières années, reflétant une industrie agricole dynamique et saine », conclut M. Gervais.
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Source: Financement agricole Canada