Des chercheurs américains ont développé un procédé pour transformer les déchets de pain en vitamine C. Le pain étant l’un des aliments les plus jetés en Amérique, cette découverte pourrait être majeure.
Selon l’USDA (Département de l’agriculture des États-Unis), plus de 12,5 millions de tonnes de pain et de produits de boulangerie sont gaspillées chaque année. Selon les chercheurs du département, la majorité́ des déchets de pain se retrouverait dans les décharges et sites d’enfouissement.
Quand le pain fait perdre des millions
Le problème va au-delà des millions de tonnes de nourriture non consommée et des déchets que cela engendre. Il en va de millions de pertes annuelles pour les consommateurs et les fabricants. En effet, selon le ReFED, un organisme à but non lucratif dont la mission est de veiller au gaspillage alimentaire, le gaspillage alimentaire représente une perte de revenus estimée à deux milliards de dollars pour l’industrie. Rien de moins !
Si le gaspillage alimentaire pèse lourd sur les résultats financiers des entreprises, il a aussi des répercussions sur les consommateurs. En effet, ceux-ci sont de plus en plus conscientisés à cette réalité́ et ils en tiennent compte au moment de faire leurs achats
Le gaspillage alimentaire : une réalité… payante ?
Dans une enquête récente sur le gaspillage alimentaire et le surcyclage (upcycling, en anglais) réalisée en 2019 auprès de plus de 500 consommateurs, on a constaté́ que 74 % considéraient le gaspillage alimentaire comme un problème extrêmement important, tandis que 26 % déclaraient qu’il s’agissait d’un problème. Même pendant la pandémie, la durabilité́ et le gaspillage alimentaire restent un problème qui préoccupe les consommateurs.
Trouver une solution efficace pourrait s’avérer très rentable pour les entreprises. Peu le savent, mais au-delà d’être un acte écologique, le gaspillage alimentaire est une entreprise florissante qui avait une valeur de 46,7 milliards de dollars en 2019.
Selon une étude de Future Market Insights réalisée en 2019, on prévoit d’ailleurs qu’elle aura un taux de croissance annuel de 5 % au cours des 10 prochaines années et on y constate que la boulangerie se retrouve en deuxième place des secteurs possédant le plus de possibilités de profiter des déchets alimentaires.
Les consommateurs fidèles à Leur pain
Le segment a déjà̀ vu des progrès dans ce domaine. Le fabricant d’ingrédients Planetarians (une entreprise spécialisée dans la fabrication de produits protéinés) a réussi à obtenir un financement de près d’un milliard de dollars dans sa quête pour fabriquer de la farine protéinée à partir de graines de tournesol dégraissées, tandis que la boulangerie danoise Jalm&B s’est associée à Carlsberg pour créer un pain au levain à base de noisettes recyclées.
Mais les consommateurs sont encore friands de pain traditionnel. Un rapport récent financé par l’American Bakers Association et mené́ par le Center for Generational Kinetics démontre que 78 % des Milléniaux et des consommateurs de la génération Z continuent d’inclure des glucides dans leur alimentation régulière : 73 % achètent du pain et 63 % achètent des produits dérivés du pain (principalement sucrés). Puisque les consommateurs ne sont visiblement pas prêts à abandonner les produits de boulangerie, d’autres entreprises recherchent des moyens de réutiliser de manière créative les nombreuses pertes.
Une découverte qui pourrait « vitaminer » l’industrie de la boulangerie
Le rôle de 2KGA dans la production de vitamine C pourrait être une découverte lucrative pour les fabricants qui cherchent à utiliser le pain perdu (autrement que dans les brunchs !). La vitamine C est un ingrédient populaire qui stimule l’immunité (une qualité très recherchée alors que la pandémie continue de faire des ravages).
À ce sujet, un livre blanc publié en 2019 par la société d’ingrédients Kerry démontrait que 65 % des consommateurs recherchaient les avantages fonctionnels de leurs aliments et boissons, y compris l’immunité et des produits faciles à digérer.
La production de vitamine C grâce à un bioprocédé qui élimine le besoin d’additifs artificiels pourrait aider les entreprises qui recherchent le « clean label ». Si les entreprises montrent leur intérêt à l’ajout d’une couche de fonctionnalité de renforcement immunitaire à leurs aliments, tout en offrant une étiquette « clean label » et en démontrant leur intérêt pour empêcher le gaspillage alimentaire de manière créative, on pourrait assister à une nouvelle tendance qui pourrait s’étendre à grande échelle… pour le bien de la planète et de l’économie.