La leçon de Lyne Gosselin
Alors que la pandémie nous mettait en pause forcée, Lyne Gosselin propulsait son entreprise en triplant son nombre d’employés. À peine trois mois après le déclenchement de l’état d’urgence sanitaire, la présidente et fondatrice d’EDIKOM ajoutait un volet distribution à son bébé né il y 17 ans. Petite histoire savoureuse de cette femme qui n’en revient toujours pas d’avoir réussi à créer dans ces circonstances ce qu’elle qualifie avec amusement « d’Amazon de l’agroalimentaire. » | Par Pascale Lévesque
Les choses ont démarré sur les chapeaux de roues pour l’entrepreneure qui a lancé la division distribution d’EDIKOM en réaction à la pandémie de COVID-19. Un an et des poussières plus tard, son succès en fait l’incarnation parfaite de l’expression « se réinventer » tant prêchée par nos politiciens dans les derniers mois.
En plus de travailler à une offre renouvelée des paniers du Marché DUX qui sera offerte dès juillet prochain, la femme d’affaires permet aujourd’hui à bon nombre d’entreprises canadiennes comme Evive, Isabelle Huot, Dose ou Wholly Veggie d’être distribuées sur notre grand territoire, d’un océan à l’autre.
Remise en question proactive
L’avenir ne se dessinait pas nécessairement aussi rose au printemps 2020. Comme une majorité d’entrepreneurs et de travailleurs, elle comme son conjoint Martin Lemire furent plongés dans l‘insécurité.
« EDIKOM Contenu dépend majoritairement des budgets marketing des compagnies avec qui on fait affaire, raconte Lyne Gosselin. Nos deux salaires proviennent de l’entreprise. Le climat était fragile et notre seule certitude était que la pandémie allait durer un bon moment et que l’argent allait forcément se faire rare dans les semaines à suivre. »
Dans la tourmente, la famille Gosselin-Lemire a mis sur table tous les scénarios possibles. Notamment un retour aux sources pour Martin, qui a une formation de nutritionniste, l’appel de l’usine pour Lyne et les emplois à temps partiel pour les filles du couple Angélique, Marie-Jade et Félicia.
« Quand j’ai lancé L’actualité ALIMENTAIRE, j’étais enceinte de ma première fille, raconte Lyne Gosselin. J’ai accouché d’elle pratiquement en même temps que notre premier magazine. À l’époque, je travaillais dans une usine de transformation agroalimentaire. J’ai réalisé que les départements avaient du mal à se parler. Avec le magazine, je voulais améliorer cette communication. On prenait un sujet et on le traitait de tous les angles, tant du point de vue marketing qu’opérationnel, par exemple. »
Puis se sont joints au clan le magazine LE must, avec une approche vulgarisatrice s’adressant aux consommateurs, et DUX Manger mieux avec son gala, pour valoriser l’offre agroalimentaire.
Un téléphone qui change tout
Bref, c’est tout ce que la pandémie est venue chambouler. Mais un coup de téléphone avec une proposition inattendue allait faire prendre un virage à la compagnie axée sur la communication et la valorisation alimentaire depuis un peu plus de 15 ans.
« En avril 2020, j’ai eu l’idée du Marché DUX, poursuit Lyne Gosselin. Pour mettre de l’avant nos lauréats du gala. Quelque chose de si simple que pour les livraisons, j’avais l’intention d’entreposer les produits dans mon sous-sol. Puis, j’ai parlé avec mon amie Isabelle Huot, nutritionniste et entrepreneure. Ce téléphone a tout changé. Elle avait un urgent besoin de distribution pour sa marchandise, et elle n’était pas seule. »
Le confinement a stimulé l’appétit des consommateurs pour le manger mieux. Astreints à la maison, ils ont investi leur cuisine. L’invitation du Gouvernement du Québec pour l’achat local a catapulté la tendance. Face à cette demande croissante pour les produits agroalimentaires d’ici, les usines de transformation ont été submergées par la demande en explosion. Sans oublier qu’elles ont dû s’ajuster aux mesures sociosanitaires et à la pénurie de main-d’œuvre qui n’a jamais cessé de planer.
Un marché en explosion
Le 1er mai, à peine deux mois après la mise en pause du Québec, Lyne Gosselin signait un bail pour la location d’un entrepôt réfrigéré de 10 000 pieds carrés à Longueuil. « On venait de créer EDIKOM Distribution, lance la présidente. Le 1er juin on était déjà opérationnel. La première journée où on a fait de la production, on a préparé 170 commandes en huit heures. Et là, on approche de 2 000 commandes par jour. »
Bien que le retour à la normale se fait progressivement au rythme du déconfinement, la tendance de la commande en ligne semble bel et bien implantée, notamment dans plusieurs bannières d’épiciers.
Pour Lyne Gosselin, cette nouvelle habitude est là pour rester. « La facilité, la disponibilité et la proximité que cette façon de faire nous offre est difficile à battre, plaide-t-elle. Faire ton épicerie en ligne, dans le calme, dans ton salon à 9h le soir ? C’est très confortable et pratique. C’est un beau vent de changement qui va continuer à croître. »
L’avenir de l’achat en ligne
Quand elle pense aux possibilités que procurent l’achat en ligne et EDIKOM Distribution, la tête de la présidente d’EDIKOM est pleine de rêves et de projets. « Par exemple, nous souhaitons créer un club des goûteurs, dit-elle. Je sais que les dégustations en magasin seront bientôt permises. Mais imaginez : des produits offerts en primeur, que les clients pourront cuisiner et goûter. On veut créer un créneau pour valoriser les produits émergents et on est persuadé que les gourmands aventuriers seront ravis de découvrir ces nouveautés d’ici. »
Avec son propre marché, le Marché DUX, ses projets à venir et ses clients en distribution comme Evive, Dose, Isabelle Huot, Wholly Veggie, Sopexa et Metro, le nouveau volet d’EDIKOM a le vent dans les voiles. Lyne Gosselin envisage déjà, sans surprise, d’agrandir la surface d’entrepôt. Un bon présage pour être prêt à croître aussi rapidement que le déconfinement le permettra.
Source L’actualité ALIMENTAIRE