Sommet agroenvironnemental 2024 : plaidoyer historique en faveur de l’avenir et de la qualité de notre environnement, du monde agricole et de notre alimentation

Plus de 230 producteurs agricoles, intervenants du milieu et chercheurs ont participé au Sommet agroenvironnemental Investir dans l’action, tenu les 28 et 29 février dernier au Centre des Congrès de Lévis.

Organisé par l’Union des producteurs agricoles (UPA) et la Chaire de recherche du Canada en économie écologique de l’Université du Québec en Outaouais (UQO), cet événement, à l’instar des deux premières éditions en 2019 et 2022, fut l’occasion de créer et d’affermir des liens dans une approche axée sur un dialogue allant de la réalité agricole à la science, de la pratique à la recherche.

Le Sommet, comme le suggère la thématique Investir dans l’action, était aussi l’occasion de faire le point sur les actions entreprises en agroenvironnement au cours des cinq dernières années et sur les investissements requis pour répondre adéquatement à l’urgence d’agir et de généraliser le virage agroenvironnemental déjà entamé, tout en assurant la rentabilité des fermes.

« Les acteurs de la finance ont un rôle capital à jouer dans le financement d’une agriculture durable et résiliente, en complémentarité d’un engagement réel et conséquent de nos gouvernements. Une réflexion commune impliquant le monde agricole, le milieu scientifique, les acteurs institutionnels et les gouvernements est aussi incontournable pour permettre d’imaginer et de développer les meilleurs outils et initiatives pour parvenir à l’atteinte de nos objectifs », a déclaré Jérôme Dupras, professeur au Département des sciences naturelles de l’UQO et titulaire de la Chaire de recherche.

« Depuis des décennies, les producteurs agricoles et forestiers adaptent leurs pratiques et leur stratégie d’affaires aux nouvelles réalités environnementales et climatiques. Leur adhésion soutenue est toutefois conditionnelle à l’adoption d’un soutien adéquat et d’une réglementation environnementale raisonnée qui respecte le rythme d’adaptation des entreprises. Les attentes à tous ces égards sont élevées, urgentes et essentielles au virage écologique souhaité par tous », a complété Martin Caron, président général de l’UPA.

Une multiplicité d’intervenants de haut calibre, dont la ministre du Revenu national du Canada, Marie-Claude Bibeau, et le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, André Lamontagne, se sont notamment exprimés sur différentes initiatives inspirantes concernant les ressources eau et sol, la biodiversité, les changements climatiques, et ont abordé les enjeux entourant la finance durable et sa complémentarité avec les politiques publiques provinciales et fédérales.

À l’issue de ce troisième Sommet agroenvironnemental et comme en témoigne la déclaration commune dévoilée aujourd’hui, les agriculteurs, les chercheurs et les intervenants ont affirmé d’une même voix « vouloir agir en faveur d’une agriculture à la fois plus résiliente face aux conditions adverses que sont les changements climatiques et la perte de la biodiversité, et plus respectueuse de notre environnement ». Ils ont aussi demandé aux gouvernements canadien et québécois d’affirmer leur rôle central et d’assumer pleinement la responsabilité d’aller plus loin sur les plans administratifs et budgétaires.

 

DÉCLARATION COMMUNE

À l’issue de notre 3e Sommet agroenvironnemental, agriculteurs, chercheurs et intervenants affirment d’une même voix vouloir agir en faveur d’une agriculture à la fois plus résiliente face aux conditions adverses que sont les changements climatiques et la perte de la biodiversité et plus respectueuse de notre environnement.

Depuis plus de trois décennies, les productrices et producteurs agricoles et forestiers du Québec s’engagent pleinement dans de meilleures pratiques et demandent d’être au cœur d’une approche agroenvironnementale intégrée. Les chercheurs, eux, participent activement aux avancées scientifiques et sociales menant à des solutions porteuses et applicables, en appui aux besoins du secteur agricole et avec la complicité des intervenants et conseillers du milieu.

Ensemble, ils constatent que des menaces grandissantes à l’échelle mondiale pèsent sur la viabilité et la durabilité de l’agriculture partout dans le monde. Les perturbations et les chocs sont nombreux : instabilité économique et géopolitique, pressions urbaines, manque de main-d’œuvre, changements climatiques, perte de biodiversité, etc. La sécurité alimentaire et la stabilité sociale de bon nombre de nations s’en trouvent compromises, y compris dans les pays occidentaux.

Le Québec n’est pas épargné. L’année 2023 nous a donné un dur aperçu des conséquences néfastes des conditions météorologiques extrêmes auxquelles nous serons vraisemblablement de plus en plus fréquemment exposés : alors qu’une partie du Québec subissait la sécheresse, les pluies diluviennes s’abattaient sur le reste du territoire.

Plus que jamais, il y a urgence d’agir de la part de tous les acteurs concernés — les pouvoirs publics, le milieu agricole, scientifique, des affaires et des finances ainsi que la société civile. Cependant, le succès des actions à réaliser ne peut se produire sans un leadership ambitieux de la part de nos gouvernements. Ils demeurent les mieux placés pour organiser et soutenir l’effort collectif envers notre agriculture et en assurer la pérennité.

Le cheminement vers une agriculture plus durable est possible, mais requiert notamment un renforcement des mesures d’accompagnement des agriculteurs et agricultrices, qui doivent être au cœur des réflexions. Certains programmes, comme le Plan d’agriculture durable 2020-2030 et le programme Solutions agricoles pour le climat avec le Fonds d’action à la ferme pour le climat, constituent des premiers pas dans la bonne direction, mais ne permettront pas de généraliser cette nécessaire transition sans des investissements additionnels à la hauteur des défis. Ils sont essentiels à la mise en œuvre de solutions adaptées, développées sur le terrain avec les productrices et producteurs agricoles, en collaboration avec le secteur de la recherche et les différents partenaires.

Nous devons aujourd’hui nous unir afin de permettre aux agricultrices et agriculteurs du Québec de poursuivre leur mission de nourrir des millions de citoyennes et citoyens d’ici et d’ailleurs tout en relevant les défis de la durabilité et de la résilience qui se présentent à nous comme jamais auparavant.

Nous exhortons donc les gouvernements provincial et fédéral à affirmer leur rôle et à assumer pleinement la responsabilité d’aller plus loin. Ils ont le devoir de soutenir et de pérenniser les efforts déployés en privilégiant une approche agroenvironnementale concertée, coercitive et simplifiée sur le plan administratif, tout en assurant un financement adéquat et durable pour les prochaines décennies.

Les investissements additionnels nécessaires doivent assurer, d’une part, la priorisation des actions les plus judicieuses sans compromettre la rentabilité de nos fermes et, d’autre part, le développement et le transfert de connaissances scientifiques permettant de faire des choix informés. Ces investissements doivent provenir en partie d’un financement du gouvernement du Québec, mais également de sources externes. En ce sens, nous demandons que les conditions et paramètres soient mis sur pied par le gouvernement pour faciliter des investissements justes et durables en agroenvironnement.

L’avenir et la qualité de notre environnement, du monde agricole et de notre alimentation sont en jeu. L’échec n’est pas une option. À nous tous d’y voir et d’agir maintenant!

SIGNATAIRES : 

Martin Caron 
Président général
L’Union des producteurs agricoles

Jérôme Dupras
Professeur en économie écologique 
Université du Québec en Outaouais

Martine Giguère 
Présidente de l’Ordre des agronomes du Québec

Richard Legendre
Président de l’Ordre des technologues professinnels du Québec

Alain Vachon
Président et chef de la direction
Institut de recherche et de développement en agroenvironnement

Mathieu Madison
Président
Regroupement des organismes de bassins versants du Québec

Julie Lafortune
Directrice exécutive
Chaire UNESCO en évaluation socio-économique de la biodiversité et des écosystèmes

Valérie Mallamo
Directrice générale 
Jour de la Terre Canada

Colleen Thorpe
Directrice générale
Équiterre

Fanie Pelletier, professeur, et Andrew Gonzalez, professeur
Centre de la science de la biodiversité du Québec

Martin Vaillancourt
Directeur général
Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement du Québec

 

SOURCE Union des producteurs agricoles