« Alors que les consommateurs subissent une pression économique et voient leurs habitudes alimentaires évoluées, on remarque une grande transformation dans la manière de consommer la nourriture à travers le pays. Malgré les défis, notre secteur de la restauration fait preuve de résilience et d’adaptation, même si les manchettes racontent autre chose. »
Ces dernières années, la manière dont les Canadiens consomment des aliments a profondément changé. Les données de Statistique Canada démontrent qu’au même moment où les ventes au détail d’aliments déclinent, celles du secteur de la restauration font preuve d’une remarquable résilience. Actuellement, le Canadien moyen dépense 246,19 $ par mois en épicerie, un montant légèrement supérieur au plus bas seuil historique de 241,19 $ enregistré en mai 2024. Malgré ces résultats modestes, le secteur du commerce de détail alimentaire reste morose, les consommateurs se tournant davantage vers des solutions alternatives à bas prix, comme les produits et marques en réduction et les magasins à un dollar. Parallèlement, la fréquentation des banques alimentaires a considérablement augmenté, reflétant un changement dans le comportement des consommateurs et mettant en lumière les tensions économiques.
Ce changement s’accentue dans le contexte des pressions inflationnistes qui ont commencé en 2022. Contrairement aux manchettes généralement négatives, l’industrie de la restauration affiche de solides résultats de ventes depuis le milieu de l’année 2021. Les Canadiens dépensent désormais en moyenne 186,95 $ par mois dans les restaurants, un montant qui inclut les services de livraison de nourriture mais exclut les lieux où l’alcool est principalement servi.
À ce jour, les Canadiens allouent 43 % de leur budget alimentaire aux services alimentaires, contre 37 % en 2019, l’année précédant la pandémie. Avec des dépenses record dans les restaurants de 188,41 $ en décembre 2023, nous anticipons que ce niveau supérieur pourrait être battu d’ici la fin de l’année en cours. Malgré de nombreuses fermetures au cours des dernières années, les restaurateurs semblent s’adapter avec succès à un marché en rapide évolution.
Selon Restaurants Canada, le pays compte au-delà de 97 000 restaurants, employant près de 1,2 million de personnes, des données presque similaires à celles de 2019. Cela équivaut à environ 2,93 restaurants pour 1 000 Canadiens, un ratio relativement stable malgré les défis de la pandémie et des confinements qui ont suivi. Fait notable, la Saskatchewan affiche le ratio le plus élevé de 3,1 restaurants pour 1 000 résidents, tandis que l’Ontario et le Québec figurent au bas de l’échelle avec respectivement 2,9 et 2,8 établissements par habitant.
Ces données révèlent un virage progressif vers un marché davantage orienté vers les services alimentaires au Canada, une évolution surprenante compte tenu de la couverture médiatique largement négative, notamment les rapports sur la fatigue liée au système de pourboires. Toutefois, la situation au Canada diffère encore sensiblement de celle des États-Unis, où près de 54 % du budget alimentaire est dépensé dans les restaurants, bien que le Canada comble lentement cet écart.
Les voyages constituent un moteur important de cette tendance ; les aéroports sont animés et les croisières sillonnent le monde. Fait intéressant, le travail à domicile ne semble pas avoir freiné les ventes dans les services alimentaires. En fait, de plus en plus de Canadiens choisissent de manger au restaurant plus fréquemment, ce qui a stimulé la demande pour les services de livraison de nourriture.
Malgré les récits médiatiques persistants prédisant la disparition de l’industrie des services alimentaires, les preuves statistiques contredisent ces affirmations. Alors que l’inflation et les changements démographiques ont poussé les consommateurs à réduire ou ajuster leurs dépenses d’épicerie, de nombreux Canadiens restent fidèles aux établissements de restauration, même si les prix au menu ont augmenté plus rapidement que l’inflation des aliments en épicerie depuis six mois.
Ce scénario suggère que l’inflation affecte les Canadiens de manière inégale : certains ressentent à peine la pression, tandis que d’autres luttent en silence. La croissance de notre population ne nous a pas enrichis en tant que nation ; au contraire, elle a entraîné une fragmentation financière et économique accrue, avec un PIB par habitant au Canada atteignant des niveaux dangereusement bas.
Le prix des aliments semble se stabiliser et la plupart des analystes prévoient que les consommateurs bénéficieront bientôt d’un certain répit. La place que les services alimentaires occuperont dans la vie des Canadiens à l’avenir reste aléatoire. Alors que nous naviguons à travers ces changements, le paysage de la consommation alimentaire au Canada continue d’évoluer de manière dynamique.