Les chercheurs d’AAC contribuent à la lutte contre la tordeuse des canneberges dans les cannebergières

Le Canada est le deuxième producteur de canneberges dans le monde, avec une production annuelle de plus de 200 000 tonnes métriques. La production se concentre en Colombie-Britannique et au Québec, cette dernière province étant le plus grand producteur de canneberges biologiques au monde. Mais tapie dans les plants se cache une petite chenille nuisible, appelée tordeuse des canneberges.

La tordeuse des canneberges est l’insecte le plus nuisible et causant le plus de pertes économiques dans les cannebergières en Amérique du Nord. Sans intervention, elle peut détruire la totalité des récoltes. Les producteurs conventionnels dépendent actuellement principalement d’insecticides de synthèse pour lutter contre ce ravageur, et l’importante industrie de la canneberge biologique du Québec est limitée à 2 biopesticides. Toutefois, ces produits peuvent avoir des effets involontaires sur d’autres insectes, dont le plus utile à l’agriculture, l’abeille. Il y a également des préoccupations quant à l’apparition d’une résistance aux insecticides chez la tordeuse des canneberges, puisqu’il existe très peu d’options de traitement sur le marché.

Heureusement, la chercheuse d’Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) Michelle Franklin, Ph. D., ainsi que ses collaborateurs chercheurs de la Colombie-Britannique, du Québec et de la Nouvelle-Écosse, ont pris les choses en main. Elle dispose maintenant d’un nouvel outil durable prometteur de lutte phytosanitaire, qui fait appel à un baculovirus pour aider à lutter contre le principal ennemi des producteurs de canneberges.

Les baculovirus s’attaquent aux insectes, mais n’infectent pas les humains. Ils agissent lorsque les chenilles consomment les feuilles contaminées par le virus. Une fois ingéré, le virus se multiplie dans le tube digestif de la chenille jusqu’à ce qu’il finisse par tuer celle-ci, ce qui se produit en 7 à 10 jours.

Les biopesticides à base de baculovirus ont comme grand avantage d’être hautement ciblés à l’égard d’un insecte, ce qui est positif pour les vertébrés (comme les humains), les abeilles et les autres insectes bénéfiques. De plus, cette solution est gagnante pour les producteurs, qui pourront continuer d’utiliser les mêmes équipements de pulvérisation qu’ils possèdent déjà. Le produit a en outre une longue durée de conservation, ce qui contribuera à prévenir le gaspillage.

 

Michelle Franklin, Ph. D.

« Un biopesticide à base de baculovirus offre aux producteurs de canneberges une solution de remplacement aux insecticides de synthèse pour lutter contre la tordeuse des canneberges. En outre, il est sans danger pour les humains, les pollinisateurs et les ennemis naturels, puisqu’il est fortement spécifique à l’égard du ravageur ciblé, en plus d’être compatible avec les pratiques agricoles biologiques, ce qui peut représenter un énorme avantage pour la production de canneberges biologiques au Québec. »

– Michelle Franklin, Ph. D., chercheuse scientifique, Agriculture et Agroalimentaire Canada

 

L’isolat de baculovirus utilisé dans le biopesticide mis au point par Franklin a initialement été découvert en 1992 par les chercheurs retraités d’AAC Sheila Fitzpatrick, Ph. D. (entomologie), et David Theilmann, Ph. D. (virologie). Cette découverte a été faite lorsque Fitzpatrick a observé les signes classiques d’une infection par un baculovirus chez plus de 60 % des chenilles de la tordeuse des canneberges dans une cannebergière non traitée de Richmond, en Colombie‑Britannique. Ces symptômes incluent un état léthargique, une flaccidité et une liquéfaction des tissus corporels. Theilmann a ensuite apporté sa collaboration et confirmé que l’agent infectieux était bel et bien un baculovirus.

Franklin et son équipe ont réalisé de grand progrès depuis que le baculovirus a été sorti d’entreposage, en 2022. Ils ont en effet consacré ce temps à la mise au point d’un modèle de production à l’échelle commerciale du virus et à la collecte des données requises en vue de la future homologation du biopesticide par l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) de Santé Canada. Ces données incluent la séquence génomique complète produite par David Theilmann, qui a identifié le virus et a déterminé qu’il représentait une espèce unique appartenant au clade des bêtabaculovirus.

Cette année, les essais passent du laboratoire au champ. Le premier essai d’efficacité sur le terrain est en cours à la B.C. Cranberry Research Farm, à Delta, en Colombie-Britannique, en partenariat avec le Centre de la lutte antiparasitaire d’AAC. De plus, les résultats des recherches de Franklin ont attiré l’attention d’Andermatt Canada, entreprise de conception et de fabrication de biopesticide. Celle-ci collabore maintenant avec l’équipe de chercheurs dans le cadre des travaux de préparation en vue de la commercialisation.

Tordeuse des canneberges consommant les feuilles d’un plant de cannebergeTordeuse des canneberges consommant les feuilles d’un plant de canneberge.
Photo : Warren Wong.

Principales conclusions et avantages

  • Michelle Franklin et son équipe mènent des travaux pour mettre au point un biopesticide à base de baculovirus afin de combattre un important ravageur de la canneberge, appelé tordeuse des canneberges.
  • Les baculovirus s’attaquent aux insectes, mais n’infectent pas les humains. Ils agissent lorsque les chenilles consomment les feuilles contaminées par le virus. Le virus se multiplie ensuite dans le tube digestif de la chenille jusqu’à ce qu’il finisse par tuer celle‑ci.
  • Les biopesticides à base de baculovirus ont l’avantage d’être plus ciblés que les insecticides à large spectre actuellement utilisés pour lutter contre la tordeuse des canneberges, ce qui réduit les risques pour les autres insectes, notamment les abeilles. De plus, ils sont sans danger pour les vertébrés.
  • Le premier essai d’efficacité sur le terrain est en cours à la B.C. Cranberry Research Farm, à Delta, en Colombie-Britannique.

 

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Michelle Franklin, Ph. D.

Image mise de l’avant : Parcelle de recherche à la B.C. Cranberry Research Farm.

 

Source : Gouvernement du Canada