Un produit directement en lien avec l’actualité

Par Thérèse Garceau

Héloïse Cloutier et Karine Clément, cousines et meilleures amies depuis l’enfance, caressaient depuis toujours le rêve de créer ensemble leur propre entreprise. C’est d’abord pour cette raison qu’est née Hush-Kush, mais c’est plutôt l’actualité qui a dicté l’offre que les deux femmes développerait.

L’an dernier, dans la foulée de l’annonce de la légalisation de la marijuana au Canada, et souhaitant s’attaquer à l’utilisation du plastique dans cette industrie, elles fondent Hush-Kush, une entreprise spécialisée dans la confection et la distribution d’accessoires écoresponsables destinés aux fumeurs de cannabis.

Inspirées par la découverte d’une matière biodégradable lors d’un voyage en Asie, les deux fondatrices se lancent alors dans la recherche et le développement de Perma- B, une technologie révolutionnaire de revêtement, et sur l’aspect, l’apparence et les fonctionnalités de leur produit. Dans la foulée, elles inventent et dessinent aussi le prototype de la machine qui leur permet de passer d’une production de la partie enduite des pochettes de 10 par jour à 8 000 par heure.

Le 20 avril dernier, après plusieurs mois de travaux, la startup lance officiellement sa gamme de pochettes biodégradables pour le transport discret du cannabis dans un choix de couleurs et de motifs tendance. Car, si elles ont d’abord voulu faire une différence en offrant une solution écologique à l’industrie du cannabis , les deux dirigeantes ont aussi fait le pari d’insuffler un peu d’esthétisme et de raffinement dans ce secteur. « Nous voulions contrer l’image péjorative associée à la consommation de cannabis. Tous les accessoires qu’on trouve sur le marché sont beaucoup moins raffinés. Nous avons voulu exploiter le créneau du changement de perception. Les consommateurs sont aussi des professionnels, des gens de tout âge, de tous les styles. » En plus de réduire l’utilisation du plastique, la pochette Hush-Kush est imperméable, anti-odeur et entièrement fabriquée à Montréal.

En ce qui a trait à la protection légale de Perma-B, les dirigeantes ont préféré attendre avant de la faire breveter. « Nous ne voulions pas que Perma-B devienne publique avant d’avoir bien intégré le marché. Ça reste donc un secret industriel. »

Karine Clément estime qu’il y a encore beaucoup de préjugés dans le secteur du cannabis.

« Nous nous sommes fait fermer beaucoup de portes parce qu’on était dans cette industrie, certaines entreprises ont refusé de travailler avec nous pour cette raison. »

La récente entrée en vigueur de la Loi sur le cannabis — dont l’article 50, un amendement québécois qui interdit toute publicité directe ou indirecte en faveur du cannabis ainsi que la vente de produits arborant un nom, un logo, un dessin, une image ou un signe associé au cannabis — est venue compliquer un peu plus les choses pour Hush-Kush. « La Loi nous met beaucoup plus de barrières.

L’entrepreneure qui confie qu’Hush-Kush n’a pas encore réussi à atteindre ses objectifs de vente au Québec, principalement en raison de l’instabilité pré-adoption de la Loi, se réjouit aujourd’hui de s’être concentrée sur la vente en ligne et de ne pas avoir investi davantage d’efforts dans ce marché qui vient de se refermer.

Une technologie qui ouvre de nouveaux marchés
Distribuant leurs produits essentiellement en ligne, les dirigeantes de Hush-Kush qui souhaitent aussi que leurs produits deviennent des articles promotionnels avec logo personnalisé pour les entreprises, travaillent actuellement à la mise en ligne d’une campagne promotionnelle à l’échelle nationale et internationale.

Elles ont développé un plan d’intégration et de distribution des produits en boutique pour ces deux marchés et s’apprêtent aussi à présenter la technologie qu’elles ont développée directement auprès des producteurs de cannabis qui pourront l’utiliser sur place dans leur usine de production. « Il y a
6 grands acteurs dans le domaine du cannabis au Canada. Nous sommes actuellement en discussion avec deux producteurs pour l’intégration des pochettes Hush-Kush et celle de notre technologie Perma-B au sein de la distribution du cannabis. »

Perma-B ouvre des possibilités de croissance indéniables. Outre les pochettes de cannabis, elle pourra éventuellement proposer sa technologie à d’autres secteurs. « Hush-Kush est le premier produit issu de notre technologie. L’objectif est d’intégrer Perma-B sous différentes formes au sein des entreprises de cannabis, autant dans le procédé que dans la distribution. Quand nous aurons réussi à réduire l’utilisation du plastique dans ce secteur, Perma-B pourra bien sûr apporter sa contribution à d’autres industries. C’est une matière qui peut être adaptée à de nombreux marchés. »

En termes de croissance, l’entreprise qui souhaite se positionner sur le marché international d’ici les trois prochaines années, se concentre actuellement sur le Canada et potentiellement sur les États-Unis, selon l’évolution des réglementations. « Notre planification peut bouger selon les lois. Mais si nous atteignons les objectifs que nous nous sommes fixés, nous parlons d’un potentiel de revenus de plusieurs millions. »

En ce qui a trait au financement, l’entreprise se bute encore à la frilosité des organismes d’aide aux entreprises et des institutions prêteuses. « Jusqu’à présent, nous assurons personnellement 100 % du financement de l’entreprise. Les clauses actuelles des institutions ne nous permettent pas d’obtenir de prêts et nous devrons nous tourner vers des investisseurs privés. »

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