Sous le thème Du cœur au ventre depuis 100 ans, quelque 600 participants, délégués, observateurs et décideurs des secteurs agricole et forestier du Québec ont participé, en tout ou en partie, au 100e Congrès général annuel de l’Union des producteurs agricoles (UPA), les 3 et 4 décembre à Québec.
Cet événement annuel d’envergure a permis des discussions importantes sur les défis auxquels sont confrontés ces deux secteurs.
« Plusieurs ont été surpris par l’ampleur du ras-le-bol exprimé par les productrices, les producteurs et la relève lors des 17 rassemblements régionaux du printemps dernier. Ces sentiments n’étaient pourtant pas spontanés. Ils étaient le résultat d’une longue et vaste accumulation d’attentes non comblées », a déclaré le président général de l’UPA, Martin Caron.
Rappelons que la réponse des gouvernements aux difficultés de milliers d’entreprises agricoles, ces deux dernières années, a pris la forme d’un certain nombre de chantiers et d’initiatives. Cette ouverture n’a toutefois pas répondu l’ensemble des besoins. À témoin, le revenu net agricole au Québec est 92 % moins élevé qu’il y a dix ans, malgré une augmentation des recettes de 59 %.
Du côté québécois, les solutions sont pourtant bien identifiées, à commencer par : un rehaussement considérable des budgets, du soutien, de l’accompagnement, des mesures et des programmes destinés aux productrices et producteurs (incluant en recherche et développement); une actualisation importante des programmes d’aide à la relève et des règles fiscales (transferts intergénérationnels) et un vaste chantier sur l’ensemble des programmes de gestion des risques de l’entreprise.
Parmi les autres solutions, mentionnons : une attention spécifique aux défis et besoins particuliers des régions périphériques (MRC prioritaires) et des divers secteurs de production (dont les produits forestiers non ligneux et l’acériculture en forêt publique); une réglementation environnementale raisonnée qui favorise un secteur d’affaires compétitif; une réduction substantielle du fardeau réglementaire et administratif; une protection accrue du territoire et des activités agricoles et une vision de développement du secteur agroalimentaire résolument orientée vers ses besoins, ses attentes et ses possibilités actuelles et futures.
Le gouvernement fédéral doit lui aussi être plus proactif. Les productrices et producteurs canadiens sont trois fois moins soutenus que les producteurs américains en matière de lutte contre les changements climatiques. L’arrivée imminente de M. Trump à la Maison-Blanche laisse quant à elle présager des années houleuses au regard de nos exportations agroalimentaires (tarifs) et de nos marchés nationaux (gestion de l’offre). Nos producteurs forestiers, de leur côté, font depuis trop longtemps les frais d’un conflit sur le bois d’œuvre qui n’a rien à voir avec eux.
« Tous ces enjeux touchent les producteurs, mais aussi les consommateurs. Ces derniers continuent de pouvoir compter sur un secteur agroalimentaire très performant, même en tenant compte de l’inflation. Cette réalité gagnerait à être connue davantage. Elle doit également être consolidée par des investissements significatifs et à la hauteur du potentiel de croissance de chaque secteur de production », a indiqué le président de l’UPA.
Signalons à ce sujet que la part des dépenses alimentaires dans le revenu disponible des ménages québécois était de 10,4 % en 2023, identique à ce qu’elle était en 2019 (avant la pandémie). On constate même une tendance à la baisse au fil des ans (2010 : 10,9 %).
Ajoutons que la journée d’affranchissement alimentaire, c’est-à-dire la date à laquelle un ménage canadien à revenu moyen a gagné assez d’argent pour payer sa facture d’épicerie de l’année entière, est stable depuis près d’une décennie (8 ou 9 février, selon l’année).
Allocutions, présentations et résolutions
Les congressistes ont également assisté à des allocutions et présentations de haut calibre, notamment du ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, André Lamontagne, et du deuxième vice-président de la Fédération canadienne de l’agriculture (FCA), Pierre Lampron (en présence du président de la FCA, Keith Currie).
L’organisatrice communautaire, femme politique et militante féministe Françoise David, l’animateur, enseignant, communicateur et vulgarisateur Martin Carli, ainsi que le journaliste et présentateur Pierre-Olivier Zappa, se sont aussi adressés aux participants, tous les trois sur le thème « L’agriculture, véritable projet de société? ».
En plus du rapport des activités 2024, présenté par le directeur général de l’organisation, Charles-Félix Ross, et la directrice générale adjointe, Magali Delomier, les délégués ont profité du Congrès général pour adopter quatre résolutions extraordinaires : la première sur une aide spécifique aux entreprises agricoles situées dans les MRC dites prioritaires, la deuxième sur la reconnaissance de la primauté des activités agricoles et forestières en zone agricole, la troisième sur le réinvestissement ou remboursement des sommes perçues en vertu de la tarification du carbone et la quatrième sur le renouvellement (en 2025) de la Politique bioalimentaire du gouvernement du Québec.
Les délégués ont aussi adopté majoritairement le plan de financement 2025-2029 de l’organisation.
Du cœur au ventre depuis 100 ans
Les congressistes ont finalement profité du Congrès général annuel pour souligner, dans le cadre du gala La grande fête agricole et forestière, la fin d’une année largement consacrée au 100e anniversaire de l’organisation.
Animée par Marie-Eve Janvier, cette soirée festive fut aussi l’occasion de célébrer la famille Allen-Lafond de Saint-Bruno-de-Guigues, nommée famille agricole de l’année par la Fondation de la famille agricole, et de remettre les quatre grands prix d’excellence ainsi que le prix Coup de cœur de l’UPA.
« Réunis au sein de leur Union depuis 100 ans cette année, les productrices et producteurs agricoles et forestiers du Québec sont au cœur du tissu rural de la province et façonnent depuis toujours le visage des régions sur les plans géographique, économique et communautaire. C’est avec grande fierté que nous avons multiplié les initiatives, en cours d’année, pour faire connaître leur volonté inébranlable de nourrir et d’en vivre », a conclu Martin Caron.
SOURCE Union des producteurs agricoles