« La dernière année a été difficile à plusieurs égards pour les producteurs de lait. Toutefois, malgré certains enjeux préoccupants auxquels nous faisons face, elle a aussi été l’année d’une croissance formidable! Une hausse du droit de produire de 8 % pour 2016 et de 15 % au total depuis décembre 2014; c’est du jamais vu de mémoire d’homme! Nous produisons à l’heure actuelle neuf millions de litres de lait chaque jour : c’est carrément historique et une très bonne nouvelle pour les entrepreneurs que nous sommes! Qui a dit que la gestion de l’offre empêchait la croissance? » s’est réjoui le président des Producteurs de lait du Québec, Bruno Letendre, en présentant son bilan de l’année lors de l’assemblée générale annuelle de l’organisation.
Une des principales causes de cette augmentation vient d’une croissance de plus de 23 % de la demande de matière grasse pour le lait de transformation des trois dernières années, une croissance qui s’appuie sur des bases solides. Au cours des dernières années, la communauté scientifique a publié plusieurs études tendant à démontrer qu’il n’existe aucune association significative entre les produits laitiers à teneur élevée en gras saturé et les maladies cardiovasculaires. De plus, les tendances lourdes en gastronomie privilégient les expériences culinaires riches en goût, ce qui donne un atout pour les produits laitiers.
De façon détaillée, de mars 2016 à mars 2017, les ventes canadiennes de crème au détail ont connu une hausse de 4,6 %, de 2,4 % pour le yogourt et de 2,1 % pour la crème glacée. Pour la même période, les ventes de beurre ont connu une hausse de 4,1 %, alors que les ventes de fromages ont connu une augmentation de 5,2 %. Ces hausses ont plus que compensé le léger recul de 1,5 % des ventes globales de lait de consommation. Malgré la diminution de ventes du lait de consommation, les ventes de lait 3,25 % et 2 % ont grimpé respectivement de 4,6 % et de 0,5 %, alors qu’elles étaient en décroissance depuis les années 80.
«La réhabilitation du gras laitier a eu un impact majeur sur les habitudes alimentaires des Canadiens, mais aussi un effet positif pour nos fermes laitières. On ne peut pas prédire l’avenir, mais la croissance actuelle de la consommation a de bonnes chances d’être réelle et durable » a ajouté M. Letendre, en précisant toutefois que l’arrivée prochaine des 17 700 tonnes de fromages européens concédées par le Canada dans l’Accord économique et commercial global avec l’Union européenne (AECG) viendra réduire l’effet de cette croissance pour les producteurs de lait et fromagers canadiens.
La croissance du secteur laitier a des effets bénéfiques pour l’ensemble de l’économie du Québec et du Canada. En 2016, on estime que les investissements en bâtiments, machinerie et équipements sur les fermes ont dépassé le cap du 550 millions de dollars au Québec. « Plus d’un demi-milliard d’investissements, en additionnant les effets d’entraînement sur l’emploi et le PIB, c’est énorme! Ça démontre la vitalité et le dynamisme de notre industrie et l’ambition de nos producteurs à constamment améliorer leur entreprise laitière. En plus, tout le Québec en profite et l’économie des régions au premier chef ».
« Malgré les embûches, les producteurs ont relevé avec brio le défi de répondre pleinement aux besoins grandissants des consommateurs canadiens. Ils ont non seulement atteint les objectifs, mais ils l’ont fait en maintenant des hauts standards de qualité. C’est tout à leur honneur! Par leur ingéniosité et leur agilité, ils ont démontré qu’ils sont des entrepreneurs efficaces et capables de s’ajuster au marché. Nos partenaires les transporteurs et les transformateurs ont aussi assumé leur responsabilité en mettant l’épaule à la roue » a ajouté le président des Producteurs de lait du Québec.
Les prix à la ferme ne se sont pas redressés depuis 2014
Malgré une croissance des marchés et une augmentation importante de la production, les producteurs de lait québécois demeurent confrontés à une situation difficile au niveau du prix du lait à la ferme. Le prix moyen en 2016 était de 70,97 $/hl et de 71,46 $/hl en 2015 alors qu’il était à 76,33 $/hl en 2014. Ces bas prix sont attribuables en partie au fait que la fabrication du beurre est l’une des classes les moins payantes pour les producteurs puisque seulement la matière grasse est valorisée et les solides non gras ne sont pas requis par le marché. Une part croissante de ces solides non gras doit être écoulée sur le marché de l’alimentation animale, dont les prix ont été encore très bas au cours des dernières années. Ces bas prix sont attribuables aux prix mondiaux des solides non gras, qui sont la base des prix de l’alimentation animale. Malgré une légère reprise dans les derniers mois, les prix mondiaux des solides non gras, comme la poudre de lait écrémé, demeurent bas et affectent les producteurs de lait de partout dans le monde.
Même si les bas prix mondiaux affectent une partie du prix des producteurs de lait canadien, grâce à la gestion de l’offre, leur ampleur n’a rien de comparable avec ce qui se passe ailleurs dans le monde, où les baisses ont été de plus de 50 % en Océanie ou en Europe, par exemple. «La gestion de l’offre est un modèle économique efficace contre les fluctuations du marché. Elle aide les entreprises laitières à devenir rentables et à planifier leur développement dans un environnement prévisible. C’est pourquoi nous en appelons au gouvernement pour qu’il la maintienne afin que les producteurs et toutes les parties prenantes de l’industrie laitière puissent continuer d’investir et de contribuer à la croissance de l’économie et à la création d’emplois » a conclu le président des Producteurs de lait du Québec.
À propos des Producteurs de lait du Québec
Les Producteurs de lait du Québec, affiliés à l’UPA, représentent les 5 473 fermes laitières qui livrent annuellement plus de 3 milliards de litres de lait, dont la vente totalise des recettes à la ferme de plus de 2,45 milliards de dollars. La production et la transformation laitière génèrent au Québec quelque 83 000 emplois directs, indirects et induits et contribuent à hauteur de 6,2 milliards de dollars au produit intérieur brut. Finalement, elle entraîne des retombées fiscales de 1,3 milliard de dollars, dont 678 millions au gouvernement fédéral et 454 millions au gouvernement du Québec. www.lait.org
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