Créée en 1964, elle représente 108 producteurs d’œufs de consommation dont les fermes sont réparties sur l’ensemble du territoire. Le cheptel québécois s’élève à 4 millions de poules pondeuses et la production annuelle totalise 1,2 milliard d’oeufs, un volume qui permet de répondre à la demande des consommateurs d’ici. Paulin Bouchard, président de la Fédération cite l’ancien rapporteur spécial pour le droit à l’alimentation des Nations Unies, Olivier de Schutter, qui recommandait ceci : « Avec la gestion de l’offre, les États conservent le droit de se protéger de la volatilité des prix du marché mondial ». C’est précisément ce joyau canadien que nous voulons protéger au bénéfice de nos concitoyens.
Qu’est-ce que le système de gestion de l’offre ?
Il s’agit d’un mécanisme par lequel les producteurs de lait, de volailles et d’œufs du Québec et du Canada ajustent leur production afin de répondre aux besoins des consommateurs d’ici. Ces productions sont principalement destinées au marché intérieur, non à l’exportation. Ce système, faut-il le rappeler, ne cause aucune distorsion sur les marchés internationaux, puisqu’il a d’abord comme objectif principal d’approvisionner le marché domestique. Ce qui n’empêche pas le Canada, en vertu de ses ententes commerciales conclues notamment à l’ALÉNA et à l’OMC, de réserver environ 5 % de son marché à l’entrée d’œufs venant de l’extérieur du pays.
Pourquoi la gestion de l’offre ?
À l’origine, il y a maintenant plus de 40 ans, la gestion de l’offre a été mise en place pour stabiliser les revenus des producteurs et productrices agricoles et mettre fin à l’injection massive de fonds gouvernementaux en support aux producteurs. Ce système a encore tout son sens aujourd’hui et force est de reconnaître qu’il est avantageux pour toute la société québécoise et canadienne. Il permet de rééquilibrer les forces du marché, de stabiliser les revenus des producteurs et productrices agricoles (rémunération basée sur leurs coûts de production) en raison des grandes fluctuations des prix générées par la variabilité de l’offre et de la demande sur le plan mondial.
La gestion de l’offre permet également aux consommateurs d’avoir accès à des produits de grande qualité, en quantité suffisante et à des prix raisonnables. De plus, elle offre une grande stabilité d’approvisionnement aux transformateurs et permet à ceux-ci de rencontrer leurs marchés de façon profitable. En fait, c’est un système qui offre une bonne répartition des revenus entre tous les intervenants du secteur, et ce, en respectant la capacité de payer des consommateurs.
Ce système favorise aussi une agriculture respectueuse des ressources et des personnes, une agriculture efficace et à dimension humaine répartie sur l’ensemble du territoire québécois et canadien. En ce qui concerne la taille des fermes, il importe de préciser que la ferme moyenne d’œufs de consommation au Québec abrite 37 000 pondeuses. À titre comparatif, la ferme moyenne américaine en abrite plus d’un million et 4 fermes américaines possèdent plus de 23 millions de pondeuses, soit l’équivalent chacune de la production totale canadienne. Est-ce vraiment le modèle de fermes que les Québécois et les Canadiens souhaitent avoir sur leur territoire ?
Les effets d’entrainement des productions sous gestion de l’offre sont tout autant impressionnants : les revenus monétaires agricoles des 5 productions sous gestion de l’offre au Canada sont de 10,2 milliards $ au sein d’une industrie générant globalement 50 milliards $. Au Québec, c’est 40 % des recettes en agriculture qui sont sous gestion de l’offre (3 309 millions $), contre presque 30 % pour l’Ontario et 33 % pour les Maritimes.
En ce qui concerne les prix payés aux producteurs, il faut bien comprendre que ceux-ci peuvent varier d’un pays à l’autre, dépendamment des modes de production, de l’accès aux céréales, du climat auquel les producteurs sont soumis et aux exigences des consommateurs. Au Québec et au Canada, les producteurs d’œufs ont mis en place un programme de salubrité à la ferme et des mesures de traçabilité (voir oeuf.ca) qui permettent de suivre les œufs de la ferme à la table. Il importe également d’ajouter que le prix de la douzaine d’œufs au marché d’alimentation n’est pas en lien direct avec les prix payés aux producteurs, puisque des intermédiaires viennent augmenter ce prix pour la mise en marché. Il en serait également de même sans gestion de l’offre.
Néanmoins, les prix payés à la douzaine par les consommateurs canadiens sont comparables d’une province à l’autre et le sont tout autant avec les grands pays industrialisés à travers le globe. À titre comparatif, la douzaine d’œufs se vend, en dollars canadiens, en moyenne 3,13 $ à Sydney (Australie), 4,43 $ à Paris (France), 3,69 $ à Bruxelles (Belgique), 3,12 $ à New York (USA) et 3,24 $ au Québec.
Qui plus est, dans les pays n’ayant pas opté pour le système de gestion de l’offre, les gouvernements se retrouvent dans l’obligation d’instaurer des mécanismes de stabilisation des prix sous forme de subventions versées aux producteurs agricoles. Faut-il le rappeler, le modèle économique canadien de gestion de l’offre fonctionne depuis plus de 40 ans, et ce, sans aucune subvention gouvernementale.
En terminant, je me permets de citer l’ancien rapporteur spécial pour le droit à l’alimentation des Nations Unies, Olivier de Schutter, qui recommandait ceci : « Avec la gestion de l’offre, les États conservent le droit de se protéger de la volatilité des prix du marché mondial ». C’est précisément ce joyau canadien que nous voulons protéger au bénéfice de nos concitoyens.
Paulin Bouchard, président
Fédération des producteurs d’œufs du Québec