La semaine dernière, l’Institut économique de Montréal (IEM) émettait sa prescription contre l’obésité : les solutions coercitives basées sur la taxation seraient « malheureusement inefficaces à réduire le tour de taille des Canadiens ». De l’autre côté, la Coalition québécoise sur la problématique du poids (Coalition Poids) interpelle le ministre des finances, Nicolas Marceau, pour qu’il tienne tête aux pressions de l’industrie des boissons sucrées.
L’IEM a publié un cahier de recherche intitulé Aucun remède miracle : des solutions positives au problème de l’obésité, signé par le Dr David Gratzer, médecin canadien et expert des politiques publiques touchant la santé. « Il est impossible qu’une loi, une taxe ou un aliment banni puissent servir de fondement à une stratégie couronnée de succès. La première étape pour concevoir une politique antiobésité efficace est d’accepter qu’il existe des limites pratiques et politiques à la capacité de l’État à pratiquer une microgestion des comportements alimentaires dans une société libre. Les décideurs doivent cesser de chercher un remède miracle pour faire disparaître le surpoids des citoyens comme par magie », souligne l’auteur.
De son côté, Suzie Pellerin, directrice de la Coalition Poids, dénonce la position de l’IEDM, qui se ferait selon elle « le porte-parole de l’industrie des boissons sucrées ». Elle rappelle que plusieurs pays ont choisi de résister aux pressions de l’industrie des boissons sucrés et ont instauré une taxe dont l’effet se ferait déjà sentir (en France notamment). « L’IEDM devrait être prudent lorsqu’il reprend les arguments des embouteilleurs puisque, en rapportant uniquement la baisse de la consommation de boissons gazeuses, il oublie de mentionner la multiplication des breuvages sucrés au cours des dernières années, comme les boissons énergisantes, les eaux vitaminées, les jus fortifiés, etc. La consommation de ces produits, qui permettent aux fabricants de trouver de nouveaux débouchés pour les boissons sucrées, ne doit pas être prise à la légère », peut-on lire dans le dernier communiqué émis par la Coalition.
Pour l’IEM, les solutions aux problèmes d’obésité devraient être liées aux incitations qui guident les individus dans leurs choix plutôt qu’à la taxation. « Le Dr Gratzer invite les gens à être imaginatifs. Que ce soit au bureau en tenant des réunions en marchant (walk-and-talk meetings) ou en offrant des récompenses pour promouvoir la perte de poids, à l’école en introduisant de courtes pauses d’activités physiques ou en rendant les installations sportives plus accessibles à la communauté, tous doivent mettre la main à la pâte pour réduire la prévalence de l’embonpoint ».
Bien que les positions des deux organisations s’opposent l’une à l’autre, la Coalition Poids convient d’un point commun : « l’épidémie d’obésité est complexe et nécessite plusieurs actions pour y remédier ».
(Sources : Coalition poids et Institut économique de Montréal)