Achat local, aliments biologiques et préférence pour les diètes à base de végétaux : les consommateurs sont d’ores et déjà bien engagés dans la mouvance d’un régime plus écologique. L’écoconception d’emballages s’ajoute à cette liste pour attirer la clientèle, tout en réduisant l’empreinte environnementale des entreprises.
Avec le déploiement éventuel du projet de loi 65 déposé en septembre dernier, le gouvernement du Québec veut responsabiliser les entreprises à l’égard des produits qu’elles mettent sur le marché, de leur conception jusqu’à leur fin de vie. Par le fait même, l’industrie alimentaire n’échappe pas à cette modernisation du système de collecte sélective. En 2024, les entreprises qui mettent sur le marché des contenants, des emballages, des imprimés ou des journaux contrôleront ainsi le système de collecte sélective qu’elles financent déjà. Le contenant se trouve carrément au cœur de cette nouvelle manière de faire. Il ne faut pas rater son coup.
Alors, par où commencer ? Privilégier le carton ? Le verre ? Le vrac ? La réflexion doit se faire avec méthode et rigueur, car les mythes et les idées reçues en matière d’emballages écoresponsables persistent tant dans la population que chez les acteurs de l’industrie. On a parfois tendance à penser que l’emballage est superflu, voire inutile. Surtout que, dans un contexte de conscientisation accrue face aux enjeux environnementaux, il est tellement montré du doigt qu’on peut oublier qu’il accomplit des fonctions essentielles liées à des enjeux de préservation, de santé et de sécurité.
Une porte d’entrée vers l’écoconception
Afin de s’y retrouver, Éco Entreprises Québec a développé un portail pour accompagner les entreprises, peu importe leur taille, avec la meilleure marche à suivre pour optimiser leurs contenants. S’il est une leçon à retenir avant d’entamer toute démarche de refonte de ses emballages, c’est l’importance de voir plus loin que le bout de son… bac à recyclage. Optimiser le ratio emballage/produit, réduire les répercussions de la consommation d’énergie durant leur fabrication, améliorer l’expérience du consommateur, concevoir pour la réutilisation et finalement, bien entendu, optimiser la recyclabilité. Surtout, il ne faut pas oublier qu’il n’y a jamais de solution parfaite en écoconception ; mieux vaut garder une vision globale des répercussions avant de prendre des décisions.
Et la bonne nouvelle, c’est que ça peut devenir très avantageux : tant pour l’entreprise, pour la planète que pour le consommateur. On peut, bien sûr, s’adapter aux nouvelles exigences réglementaires, mais aussi mieux répondre aux attentes des consommateurs et celles de la société. Autres bénéfices qui ne sont pas à négliger : la réduction des coûts d’approvisionnement en matières premières ainsi que des coûts de transport et de distribution sont possible quand on plonge dans la réflexion sur le « juste emballlage« .
C’est aussi une manière pour l’entreprise de se distinguer et qui peut favoriser une augmentation des ventes. Enfin, on peut réduire les besoins en matériaux, en énergie et en eau. Sans oublier la diminution des risques liés à la santé et à la sécurité que cela peut entraîner.
À titre d’exemple, ce même genre de démarche a permis à la Laiterie de Coaticook, en 2016, d’améliorer son pot de crème glacée de 2 litres pour économiser 15 tonnes de plastique annuellement.
Mais l’écoconception, c’est bien plus que ça. Au départ, quand la Laiterie de Coaticook cherchait à diminuer son empreinte écologique, elle a fait une grande autoévaluation. Il était évident qu’elle devait préserver le côté pratique et très apprécié du contenant qui a traditionnellement trouvé une deuxième vie dans les penderies et les petits espaces de rangement des foyers québécois. Il devait aussi être assez rigide pour continuer de permettre cette réutilisation même s’il importait de diminuer la quantité de plastique dans sa composition.
Résultats ? Elle a diminué de 5 % la masse totale de son contenant. Aussi, en utilisant un sceau de sécurité plutôt qu’une bande scellante, on a pu éliminer l’étape de scellage qui nécessitait le chauffage du contenant dans un four à haute température et ainsi réduire la consommation d’énergie. Aussi, en changeant le type de plastique utilisé pour le couvercle, en passant du polyéthylène basse densité (LDPE) à du polypropylène (PP), on a obtenu un plus petit coefficient d’émissions de GES. Et tout ça en maintenant un bon taux général de recyclabilité.
D’autres études de cas du même acabit que celui de la Laiterie de Coaticook sont disponibles sur le portail de Éco Entreprises Québec. Les fioles pharmaceutiques Éco-Vial, les sacs de lait Natrel d’Agropur, les barquettes Cascades et les boîtes de bleuets au chocolat des Pères Trappistes sont tout autant d’exemples de contenants et d’emballages qui se sont réinventés en suivant les principes de l’écoconception.
De quoi inspirer n’importe quelle entreprise dans ses démarches pour mieux s’intégrer à l’économie circulaire et prendre le virage de la modernisation de la collecte sélective.
Une démarche d’écoconception vise à tenir compte des retombées environnementales à toutes les étapes et dans tous les aspects du cycle de vie d’un emballage.
En plus de proposer un cadre aux entreprises qui se questionnent et qui voudraient écoconcevoir leurs emballages, le portail d’Éco Entreprises Québec met de l’avant des capsules informatives sur l’écoconception, les préjugés entretenus sur l’élaboration de conte- nants écologiques ou encore une boîte à outils qui comprend entre autres un tableau de planification et des sources de financement pour des projets d’écoconception d’emballages.
La modernisation de la collecte sélective est une voie d’avenir et l’écoconception en est un élément clé. En repensant les besoins et les comportements associés à l’emballage, les entreprises participent au développement de l’économie circulaire québécoise des matières recyclables.
Pour accéder au portail :