Dans le mémoire qu’elle présente cet après-midi dans le cadre des travaux de la Commission de l’agriculture, des pêcheries, de l’énergie et des ressources naturelles de l’Assemblée nationale du Québec sur le projet de loi n°77 Loi sur l’Institut de technologie agroalimentaire du Québec, la Fédération des cégeps s’étonne de voir celui-ci proposer la création d’un Institut de technologie agroalimentaire s’apparentant à un établissement d’enseignement collégial sans être partie intégrante de ce réseau et relevant de surcroît du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ). La Fédération déplore que le milieu de l’enseignement collégial n’ait pas été consulté préalablement au dépôt du projet de loi, ce qui lui aurait permis de proposer la création d’une école nationale affiliée à un ou à plusieurs cégeps. On aurait ainsi misé sur l’expertise du réseau collégial qui offre déjà un bon nombre de programmes de formation relatifs à l’agriculture et à l’agroalimentaire, et qui comprend aussi plusieurs centres collégiaux de transfert de technologie (CCTT) dans ce secteur d’activité.
« Alors que nous sommes tous conscients de l’importance grandissante de l’agriculture et de l’agroalimentaire pour la population du Québec, il est pour le moins surprenant de voir le MAPAQ déposer un projet de loi sur la création de ce qui est en fin de compte un établissement d’enseignement collégial, sans consulter le réseau collégial et en se privant de l’expertise de ce dernier. On ne parle pas ici d’agriculture, mais bien d’enseignement, une compétence propre à notre réseau et au ministère de l’Enseignement supérieur. Notre réseau comprend déjà cinq écoles nationales qui peuvent adopter des structures adaptées à leur réalité et qui offrent de la formation collégiale, mais aussi professionnelle et universitaire. Ce modèle fonctionne très bien et pourrait répondre adéquatement aux besoins de formation évoqués dans le projet de loi. Rien ne justifie la création d’une structure parallèle à celle des cégeps, comme le propose le MAPAQ », a indiqué le président-directeur général de la Fédération des cégeps, M. Bernard Tremblay.
Rattachées aux cégeps à des fins administratives, les écoles nationales permettent d’importantes économies d’échelle, évitant les dédoublements de certaines dépenses salariales en ce qui concerne notamment le personnel enseignant en formation générale ou encore les services aux étudiants. L’association de ces écoles avec un ou plusieurs cégeps favorise également le partage de pratiques élaborées dans l’ensemble du réseau collégial de même que l’intégration des orientations du ministère de l’Enseignement supérieur. Dans la gestion de la nouvelle école nationale, le ministère de l’Enseignement supérieur et le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation pourraient collaborer afin de mettre en commun leurs expertises et s’assurer d’une présence forte du milieu agricole dans les choix de l’institution, dans l’intérêt collectif du Québec, estime la Fédération.
Le réseau collégial : la meilleure solution en matière de recherche également
Considérant que les activités de recherche en agroalimentaire sont déjà couvertes par les CCTT de son réseau, la Fédération des cégeps estime qu’il serait contreproductif d’ajouter de nouveaux acteurs, ce qui n’entraînerait qu’une dispersion des ressources financières et du bassin d’expertises québécoises dans ce secteur. Par conséquent, elle recommande que ces activités soient menées par les CCTT évoluant déjà dans le domaine de l’agriculture et de l’agroalimentaire, et que les collaborations soient encouragées et soutenues par un financement spécifique, substantiel et pérenne de la part du MAPAQ.