Croissance malgré l’incertitude des accords commerciaux et du prix du lait à la ferme
Si 2018 a été une année mouvementée au niveau politique pour les producteurs laitiers avec la conclusion du Partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP) et de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM), sur le plan des marchés, l’année en aura été une d’ajustement. Après quelques années de croissance exceptionnelle en raison d’une augmentation de la demande de matière grasse pour la crème et le lait de transformation, la croissance s’est stabilisée tout en demeurant au rendez-vous.
« En 2018, nos ventes de lait ont atteint 2,596 milliards de dollars, soit une croissance de 0,67 %, et les volumes des livraisons ont augmenté de 2,3 %, atteignant 3 367 milliards de litres. On peut dire que les produits laitiers ont toujours la cote. Nous avons toutefois été responsables en gérant notre production de façon à éviter des surplus et à s’ajuster à l’évolution de la croissance. » a affirmé le président des Producteurs de lait du Québec, Bruno Letendre, en présentant son bilan de l’année lors de l’assemblée générale annuelle de l’organisation. De façon détaillée, de mars 2018 à mars 2019, les ventes canadiennes au détail de beurre ont connu une hausse de 1,9 %, de 5,9 % pour la crème, de 3,7 % pour le fromage et de 8,0 % pour la crème glacée. Ces hausses ont compensé en volume le recul de 2 % des ventes globales de lait de consommation et de 1,8 % de yogourt. Malgré la diminution des ventes du lait de consommation et de yogourt, le marché a connu une croissance de la demande de 2,73 %. De leur côté, les ventes de lait biologique ont grimpé de 2,2 %.
M. Letendre précise par ailleurs que la Commission canadienne du lait (CCL) prévoit une croissance de l’ordre de 3 % de la demande pour 2018-2019, et ce, en tenant compte des nouvelles importations liées aux récents accords commerciaux avec l’Union européenne, au PTPGP et de la ratification toujours possible de l’ACEUM d’ici la fin de l’année.
Accord Canada–États-Unis–Mexique
Rappelons que depuis l’Accord économique et commercial global (AECG) avec l’Union européenne, conclu en octobre 2013, les producteurs laitiers ont servi de monnaie d’échange dans deux autres accords commerciaux, soit le Partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP) en janvier 2018 et l’ACEUM en octobre de la même année. Au total, c’est l’équivalent de 8,4 % de la production canadienne qui a été cédé à perpétuité par le Canada dans ces ententes. Pour les Producteurs de lait du Québec, ces nouveaux accès au marché canadien représentent une menace pour la stabilité du marché intérieur ainsi que pour la santé financière de plusieurs producteurs, c’est pourquoi les indemnisations annoncées dans le dernier budget fédéral ont été bien accueillies, quoique les modalités restent à être déterminées.
Investissements de plus de 730 millions de dollars
« Les chiffres démontrent aussi le dynamisme et la résilience de notre secteur, malgré les coups durs et l’incertitude. En 2018, on estime que les investissements en bâtiments, machinerie et équipements sur les fermes sont de plus de 730 millions de dollars au Québec. Les producteurs laitiers ont investi dans leur entreprise pour la rendre plus performante, efficace et durable. Tous ces investissements ont des effets d’entraînement considérables pour l’économie du Québec » a ajouté M. Letendre.
Prix à la ferme
Malgré une croissance des marchés, les producteurs de lait québécois sont demeurés confrontés à une situation difficile au niveau du prix du lait à la ferme pour une partie de 2018. Ce prix a atteint un plancher en mai 2018 pour se fixer à 64,12 $/hl. Ces bas prix étaient attribuables en partie au fait qu’une part plus importante de la production était associée au marché du beurre. La production de beurre entraîne aussi la production de solides non gras du lait, non requis par le marché, qui sont vendus au prix mondial de la poudre de lait écrémé. Les prix mondiaux des solides non gras, comme la poudre de lait écrémé, sont demeurés bas en 2018 et reprennent graduellement depuis quelques mois avec, notamment, l’écoulement des stocks de rachat de poudre de lait écrémé en Europe.
« Les Producteurs de lait du Québec ont été les premiers au Canada à réclamer auprès de la CCL le déclenchement des mécanismes de révision de prix pour cause de circonstances exceptionnelles. Cette démarche a finalement abouti à un ajustement de prix qui aura eu un effet d’environ 2,37 $ par hectolitre à partir du 1er septembre 2018. » a conclu le président des Producteurs de lait du Québec, Bruno Letendre. Alors que la moyenne de prix de janvier à août a été de 67,21 $ par hectolitre de référence, celle de septembre à décembre a été de 72,35 $ par hectolitre.