Nos gagnants DUX méritent de rayonner de mille feux et au cours des prochaines semaines nous vous présenterons le portrait de chacun d’eux. Pour la toute première fois, voici le portrait de Créabox inc., dont le service À dévorer permet au consommateur d’avoir accès à des kits de recettes écoresponsables, composés à partir des aliments disponibles dans leur épicerie.
En juin 2016, après avoir complété un MBA à Paris, Chloé Durand revient à Montréal et fonde Créabox, une entreprise née de sa volonté d’offrir des solutions créatives, durables et innovantes pour les détaillants en alimentation et pour les consommateurs.
L’ingénieure de formation donne alors également naissance à À dévorer, un projet de kits gourmands portionnés, faciles à cuisiner, accompagnés de leur fiche recette et disponibles directement en épicerie. « Je me suis toujours intéressée à l’alimentation, mais lors d’un projet au MBA axé sur le côté affaires de l’industrie, j’ai pris conscience de l’ampleur du phénomène du gaspillage alimentaire. Cela m’a interpellée. J’ai donc voulu trouver une solution pour permettre aux détaillants — qui sont tributaires de plusieurs facteurs comme la météo et pour qui il est difficile de prévoir avec exactitude les ventes — d’écouler leurs stocks. Mais aussi, je voulais créer un outil recette inspirant avec des ingrédients frais portionnés et surtout disponibles en magasin pour donner des idées d’utilisation au consommateur et l’aider à cuisiner à la maison sans perte. »
En avril dernier, au terme de 18 mois de recherche et de développement sur le produit et l’offre de service, À dévorer faisait finalement son entrée au Provigo Éric Boivin, boulevard Saint-Laurent à Montréal, le tout premier détaillant à l’offrir en magasin. « Nous avons fait beaucoup d’entrevues avec les marchands. Nous avons proposé un premier concept, que nous avons ensuite mis à niveau, et c’est avec beaucoup de fierté que nous l’avons lancé en avril. Nous nous apprêtons à nous installer chez un autre détaillant (que je ne peux nommer) au centre-ville de Montréal.
La fondatrice souligne que la réception est excellente en magasin et que les commentaires de la clientèle leur a permis d’améliorer le service tout comme les recettes. C’est d’ailleurs cet enthousiasme des consommateurs qui l’a encouragée à chercher d’autres magasins pour se développer. « Les gens aiment que ce soit directement en magasin, que ce soit facile d’accès, sans abonnement, ni enregistrement. C’est flexible. Les gens sortent du travail et passent prendre un kit sans avoir à se préoccuper de s’être inscrits. Ce sont des recettes préparées dans la journée, variées et qui changent continuellement. »
Comme l’explique Chloé Durand, pour le marchand, le concept À dévorer est également très facile à mettre en place et son positionnement peut être adapté en fonction de l’environnement de chaque magasin. « Le marchand n’a qu’à nous réserver le comptoir et nous nous occupons de tout le reste. Nous nous chargeons de le remplir. Nous installons les affiches et veillons au marketing de nos produits en magasin. Un des défis est principalement de faire comprendre aux clients que les sacs sont là pour être emportés tels quels. Certains clients se demandent s’ils doivent commander à l’avance. C’est un nouveau produit, les clients le découvrent. Dans chaque sac, on trouve tous les ingrédients portionnés, de la viande, des légumineuses pour le recettes végétariennes, et les légumes qui ne sont cependant pas préparés (donc pas coupés, ni pelés). Nous voulons vraiment que les gens les cuisinent eux-mêmes. On veut aussi en préserver la fraîcheur. Si on commence à préparer les légumes, on en réduit automatiquement la durée de vie, on tient à tout prix à ce que ceux-ci restent dans leur forme initiale.
Comment générer de la croissance avec ce modèle ? « Nous commençons magasin par magasin pour tester nos produits dans différents marchés. Notre but ultime est de pouvoir offrir À dévorer dans les grandes chaînes d’alimentation, je crois que c’est là que nous aurions davantage d’efficacité. Nous n’avons pas encore fait d’approche concrète auprès des bannières, nous attendons d’avoir plusieurs détaillants à nos actifs. Nous le ferons, une fois que nous aurons des données intéressantes à leur présenter. »
En proposant les ingrédients dans les justes proportions, À dévorer permet de réduire le gaspillage à la maison et accompagne le consommateur dans sa démarche en fournissant sur son site des conseils astucieux pour y arriver. Chloé Durand, qui a choisi de concentrer son action anti-gaspillage auprès des détaillants et du consommateur, estime que les efforts doivent également être investis dans tous les secteurs de l’industrie. « Que ce soit au niveau de la transformation, de la production, de l’approvisionnement, il y a des pertes à chacune des étapes, tout le monde a son rôle à jouer pour réduire le gaspillage. Plus de recherche doit être faite pour mesurer le poids réel du gaspillage au Canada. »
La présidente a d’ailleurs opté pour des sacs en papier kraft recyclé, recyclables et compostables. Elle a aussi choisi de ne pas inclure les assaisonnements comme l’huile et les épices sèches dans son offre, des choses que les gens ont déjà à la maison. Cela permet d’éliminer le suremballage et peut aussi stimuler l’achat de ces produits chez les épiciers partenaires lorsque le consommateur en a besoin. « Notre approche est totalement écoresponsable. Notre emballage se limite à un sac en papier kraft ou une boîte. Cette façon de faire est aussi avantageuse pour le marchand puisqu’il peut vendre ces produits-là qui sont aussi disponibles sur ses tablettes. »
Dans cette approche, Chloé Durand rappelle que les ententes avec les marchands se font sur la base d’une offre de service globale qui inclut le service, la main-d’œuvre, la préparation des kits, les fiches recettes, les affiches et le marketing en magasin. « Nous sommes ouverts à différents modèles, dont celui d’un paiement en fonction du volume de ventes. »
Comment convaincre les détaillants d’adhérer à ce nouveau modèle d’affaires ? « Nous proposons aux marchands de nouveaux produits qui suscitent l’intérêt des gens. Une nouvelle expérience à faire vivre au consommateur, quelque chose qu’une majorité n’offre pas encore. C’est par cet incitatif que nous réussissons à intéresser les détaillants qui veulent profiter de ce nouveau marché. C’est ce qui distingue notre positionnement. »
Si la viabilité de ce nouveau modèle d’affaires s’appuie en partie sur l’adhésion des entreprises, les retombées pour celles-ci sont au rendez-vous. Outre la réduction de leurs pertes en magasin et la réduction du gaspillage — pour eux comme pour le consommateur —, À dévorer constitue aussi pour les détaillants une nouvelle approche intéressante pour contrer l’effet des modèles montants comme Good Food ou Miss Fresh qui peuvent affecter le volume d’achalandage dans les magasins d’alimentation. En ce sens, À dévorer est aussi un moyen de ramener le consommateur en magasin, tout en l’aidant à cuisiner à partir d’ingrédients frais et locaux.