En deux ans nous avons assisté à la montée en popularité de ces boîtes-repas prêtes à cuisiner. Et avec raison. L’offre est très alléchante : des repas sains, livrés à la maison, des recettes simples à réaliser et inspirées des tendances du moment. Les entreprises telles que Cook it, Chefs Plate, MissFresh, Marché Goodfood ou même La Boîte du Chef ont vite compris que le commerce en ligne n’était pas uniquement réservé aux biens non périssables !
Ces compositions culinaires hebdomadaires semblent simplifier la vie de plusieurs. La question «qu’est-ce qu’on mange» ne devient soudainement plus une source de stress quotidienne, car votre semaine aura ingénieusement été programmée selon les trouvailles de la saison, et tout ça, parfaitement préportionnés pour éviter tout gaspillage alimentaire !
C’est d’ailleurs un des arguments fièrement affichés par plusieurs de ces entreprises que de celui de réduire, voire même lutter contre le gaspillage. Rappelons que, selon RECYC-QUÉBEC, le tiers de la nourriture produite mondialement est perdue ou jetée. Au Canada, ce taux oscille entre 30 % et 40 %. Et près de 50 % de ce gaspillage est réalisé dans les foyers. Avec ce concept de boîte-repas où la quantité exacte de chaque ingrédient a méticuleusement été préparée selon les portions, rien ne devrait finir à la poubelle, à la possible exception des emballages ?
La question se pose alors, quel est le réel impact environnemental de ces paniers livrés à domicile ?
L’emballage : une confrontation entre recyclable et recyclé
Pour plusieurs de ces entreprises œuvrant dans ce marché, les emballages utilisés seront des boîtes en carton isolées et des garde-froids (ice packs), en raison de la nature du produit à conserver. Le fait que chaque épice, chaque sauce soit aussi soigneusement emballée dans des paquets ou des sacs individuels et que peu de produits soient livrés en «vrac» a poussé plusieurs consommateurs à questionner et parfois critiquer l’abondance d’emballage utilisé.
Malgré tout, la majorité de ces emballages sont recyclables. Mais cela ne veut pas nécessairement dire que ces produits seront recyclés, et ce, même si on en a proprement disposé. Le fait est que tous les centres de tri et de recyclage ne sont pas nécessairement équipés pour traiter plusieurs de ces composantes qui peuvent parfois s’avérer complexes. Ce manque d’infrastructure oblige, malheureusement, à réexpédier des emballages dans des dépotoirs.
L’optimisation cubique sera aussi un élément directement lié à l’emballage qui peut avoir un impact sur l’environnement. Lorsque le colis n’est pas optimisé (en termes de dimension), celui-ci occupera plus de place que ce qui est nécessaire dans les camions, ce qui veut dire que moins de colis peuvent être livrés par voyage.
Comme le choix des composantes, l’espace qu’ils occuperont et leur capacité à être recyclé auront un impact direct sur le bilan carbone. Il est donc important que les emballages soient étudiés et optimisés par des experts.
L’empreinte carbone : la livraison par opposition aux courses traditionnelles
Selon une étude réalisée par l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne en collaboration avec le Massachusetts Institute of Technology (MIT), l’empreinte carbone est, dans son ensemble, moins importante lorsque l’on utilise les voies traditionnelles de magasinage (dans notre cas, se rendre à l’épicerie) que lorsque le tout est livré à notre porte.
Cette même étude démontre aussi que c’est l’emballage qui a un plus grand impact sur l’empreinte carbone pour tous les colis expédiés alors que c’est, sans surprise, le transport dans le cas où le consommateur se déplacerait en magasin.
Ce qui est intéressant de constater, c’est qu’il a été démontré que lorsque les délais de livraison sont plus courts (ex. choisir la livraison express), le bilan carbone est alors, au total, plus élevé que dans les deux cas précédents.
Le transport : l’impact de notre impatience
Plus le délai de livraison est court, plus l’impact environnemental est important. Pour approvisionner plus rapidement le consommateur, le produit lui est alors livré non pas nécessairement selon le point de distribution le plus près, mais plutôt selon le point de distribution le tenant en inventaire. L’un n’est pas toujours équivalent à l’autre dans bien des cas. Cela amène aussi un plus grand nombre de camions à moitié vides sur les routes puisque ceux-ci ne sont plus optimisés selon leur capacité de chargement, mais plutôt selon le facteur temps.
Dans le cas des boîtes-repas, plusieurs compagnies s’approvisionnent localement et construisent leurs menus selon les saisons. L’impact est donc moins grand. Mais qu’adviendra-t-il quand ces compagnies connaitront un succès à plus grande échelle et que le territoire à desservir sera alors plus vaste ? C’est d’ailleurs le cas de Blue Apron, une entreprise qui livre plus de 8 millions de boîtes mensuellement sur l’ensemble du territoire des États-Unis, mais dont les points d’approvisionnements ne sont présents que dans trois États.
Certains diront que ce n’est pas plus dommageable que d’acheter en épicerie des oranges provenant de la Floride, ou encore de commander d’un restaurant prêt à emporter. Certes, il faut prendre en considération plusieurs critères, quand vient le temps d’évaluer si ces solutions repas sont plus écoresponsables que d’autres, mais il demeure évident que certains choix que nous faisons en tant qu’entreprise ou en tant que consommateur sont plus écologiques que d’autres. C’est surtout une question de sensibilisation. Si nous sommes mieux informés de l’impact de nos choix, alors nous serons à même de prendre des décisions plus éclairées !