Les entreprises agroalimentaires victimes de la guerre des prix

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Par MARIE-JOSÉE COUGARD

AUDIT DE LA FRANCE – La filière doit encaisser l’impact de la guerre des prix entre les enseignes. Elle a perdu des parts de marché à l’export.

L’industrie agroalimentaire a le blues. En l’espace de dix ans, Nestlé a fermé 8 des 32 sites qu’il possédait dans l’Hexagone. Danone ne parvient pas à endiguer le recul des ventes de produits laitiers. Et ­Bonduelle investit plutôt sur le conti­nent américain, où il vient de racheter le spécialiste de la salade en portion Ready Pac Foods…

Grands ou moyens, les acteurs de l’industrie agroalimentaire ont perdu ­confiance dans le pays de Brillat-Savarin. « Il faut avoir le moral pour continuer de travailler en France, entre la guerre des prix avec la distribution et le « food bashing » permanent », expliquait fin février Christophe Bonduelle, le patron du groupe du même nom. Les raisons du découragement ? La déflation, la faiblesse des marges, une fiscalité trop lourde et une perte de compétitivité avec les pays voisins en Europe.

Le dernier cycle de négociations commerciales avec la distribution n’a rien arrangé. La pression sur les tarifs continue plus que jamais. « On nous parle baisse de prix quand toutes les matières premières sont à la hausse », soupire Dominique Chargé, le président de la Fédération nationale des coopératives laitières.

L’évolution de la demande n’incite pas non plus à l’optimisme. Alors que le pouvoir d’achat s’améliore (baisse des prix de l’énergie, faiblesse des taux) et que la confiance des ménages se redresse, « la consom­mation alimentaire peine à décoller » en France, ­constate l’Association nationale des industries alimentaires (Ania) dans sa dernière note de conjoncture. En 2016, elle a augmenté d’à peine 0,7 %, contre 1,3 % pour l’ensemble de la consommation. Le chiffre d’affaires des produits alimentaires en grande distribution n’a progressé que de 0,6 % au cours de l’année écoulée. « C’est la croissance la plus faible observée depuis onze ans ! », souligne l’Ania.

Destruction de valeur

Bilan des courses pour le syndicat professionnel, « la destruction de valeur ne profite pas à la consommation », même si d’autres pensent juste­ment que la consommation ne s’est maintenue que grâce à cette baisse incessante des prix.

L’année 2016 a marqué l’entrée en déflation des marques de distributeurs, traduisant une concurrence toujours plus vive entre enseignes. Les prix des produits de grande consom­mation ont baissé de 1,1 % l’an dernier, après -1,15 % en 2015 et -1,14 % en 2014. Dans ce contexte diffi­cile, la production agroalimentaire française a reculé de 1,5 % l’an dernier. Et « aucun redémarrage ne semble vraiment envisageable au regard des dernières enquêtes », estime l’Ania.

A l’export, le solde commercial des industries agroalimentaire s’est établi à 7,2 milliards en 2016, soit son plus faible niveau depuis 2010. Longtemps considéré comme un point fort du commerce extérieur, l’agro­alimentaire donne désormais des signes de faiblesses. « La dégradation des positions françaises en dix ans est spectaculaire », écrivent les économistes Elie Cohen et Pierre-André Buigues dans leur livre « Le Décrochage industriel ». Elle s’explique par la forte concurrence de l’Allemagne et des Pays-Bas en Europe et de certains pays comme le Brésil en dehors du Vieux Continent.

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