La Food and Drug Administration (FDA) vient d’émettre des directives préliminaires qui fixent des cibles de réduction des taux de sodium à l’intention de l’industrie alimentaire.
Dans un premier temps, la FDA souhaite faire passer la consommation moyenne des Américains de 3 400 mg de sodium par jour à 3 000 d’ici deux ans. Puis, dans dix ans, ramener cette quantité à 2 300 mg. Pour ce faire, la FDA compte s’en remettre à l’engagement volontaire de l’industrie, puisque les cibles qu’elle propose ne sont pas obligatoires.
La balle est dans le camp de l’industrie
L’American Heart Association (AHA) se réjouit de l’annonce faite par la FDA. Elle rappelle que, selon les études, la réduction des taux de sodium dans la chaîne de production alimentaire pourrait prévenir 1,5 million de cas d’hypertension non maîtrisée et sauver des milliards de dollars en soins de santé. Toutefois, souligne l’AHA, il faut que l’ensemble de l’industrie s’engage à respecter les nouvelles normes qui seront bientôt rendues officielles.
Selon le communiqué de l’AHA, l’engagement de l’industrie est d’autant plus crucial que les ¾ du sel consommé par les Américains proviennent des aliments transformés. Mais du même souffle, l’association se dit rassurée par certains gestes déjà posés sur une base volontaire. Elle cite l’exemple de la National Salt Reduction Initiative qui a permis de recueillir l’engagement ferme d’une trentaine de compagnies et de chaînes de restauration rapide parmi lesquelles figurent de gros joueurs.
Volontaire ou obligatoire ?
Le Center for Science in the Public Interest (CSPI) voit aussi d’un bon œil ce changement de cap de la FDA. D’autant plus que le CSPI considère être à l’origine de ces nouvelles cibles de réduction des teneurs en sodium. En effet, dès 1983, le CSPI intentait une première poursuite contre la FDA afin de forcer l’organisme gouvernemental à classer le sel comme un additif alimentaire, ce qui dès lors lui aurait conféré la compétence d’en réglementer les teneurs.
Le CSPI fait toutefois remarquer que la FDA n’a répondu que partiellement à ses demandes, puisque les nouvelles cibles de réduction ne sont pas obligatoires, comme elle le réclame depuis des années. Cependant, reconnaît le CSPI, les nouvelles directives de la FDA ont le mérite d’être claires, ce qui place désormais l’industrie face à ses responsabilités. Notons que, dans la foulée de l’annonce faite par la FDA, la National Restaurant Association publiait un communiqué dans lequel elle affirme que ses établissements offrent de plus en plus des repas à faible teneur en sodium, partout à travers le pays.
À prendre avec un grain de sel ?
La FDA propose à l’industrie des directives de réduction graduelles, non seulement pour donner le temps aux transformateurs de modifier leurs formulations alimentaires, explique l’AHA, mais aussi pour permettre aux consommateurs de s’adapter à ces changements gustatifs. Malicieusement, cette dernière dit espérer que l’ensemble de l’industrie ne prendra pas ces nouvelles directives « with a grain of salt »…
À ce titre, une récente étude canadienne concluait récemment que la teneur en sel des aliments transformés est encore trop élevée au pays. En dépit de la Stratégie de réduction du sodium pour le Canada, mise en place dès 2010, les chercheurs ont constaté que, 3 ans plus tard, les teneurs en sodium de 81,9 % des aliments examinés étaient demeurées inchangées. À l’évidence, de conclure les auteurs de l’étude, l’autoréglementation de l’industrie s’est avérée insuffisante pour diminuer la teneur en sel des aliments transformés.
En Angleterre, plusieurs acteurs de la santé publique en sont venus à formuler un constat similaire. En effet, dès 2012, l’industrie de la transformation, les distributeurs et les chaînes de restauration se sont engagés à respecter, sur une base volontaire, le Public Health Responsability Deal. Or, si la surconsommation de Sucre, de Sel, de gras Saturés et d’hydrates de Carbone Raffinés (S3RC) s’est depuis légèrement infléchie, la tendance est loin d’avoir été inversée, a révélé un rapport de Health Action Campaign publié à l’automne 2015.
C’est donc une histoire à suivre…
Sources : Food and Drug Administration, American Heart Association, Center for Science in the Public Interest via Veille Action